La Banque Africaine de Développement vient de rendre public un rapport sur le futur de l’Intelligence Artificielle en Afrique. Intitulé « Africa’s AI Productivity Gain » le rapport identifie les secteurs les plus porteurs en IA pour l’Afrique. Le chiffre clé de cette étude est que l’intelligence artificielle pourrait ajouter près de 1.000 milliards de dollars à l’économie africaine d’ici à 2035. Elle pourrait aussi créer plus de 300.000 postes d’emplois.
5 secteurs pilotes :
Selon le rapport, les gains de productivité liés à l’IA ne seront pas répartis uniformément. À l’aide d’un modèle de notation fondé sur les données, et prenant en compte la part du PIB, le niveau de préparation numérique et l’impact sur les Objectifs de Développement, le rapport identifie cinq secteurs à fort impact. Ces secteurs devraient capter 58 % du dividende total de 1 000 milliards de dollars américains, soit environ 580 milliards de dollars américains d’ici 2035. Ces secteurs sont : l’Agriculture et systèmes alimentaires (200 milliards de dollars), commerce et vente de détail (140 milliards de dollars) Industrie manufacturière 4.0 (90 milliards de dollars), santé et vie (70 milliards de dollars).
L’impact de l’IA sur les pays africains va être différent selon l’état de préparation des pays. En effet, les 54 économies africaines ne présentent pas toutes le même niveau de préparation. Afin d’éclairer les politiques et le calendrier des investissements, le rapport regroupe les pays en quatre archétypes de préparation à l’IA :
Agents catalyseurs : Économies disposant d’une taille critique et d’une dynamique importante (ex. : Nigéria, Kenya, Afrique du Sud)
Accélérateurs de croissance : Pays de taille moyenne dotés d’écosystèmes d’IA émergents (ex. : Ghana, Maroc, Tunisie)
Pôles d’innovation : Systèmes numériques plus petits mais agiles, idéaux pour la mise en œuvre de politiques pilotes (ex. : Rwanda, Maurice)
Pays bâtisseurs de fondations : Pays ayant besoin d’un soutien pour développer leurs capacités fondamentales
La Tunisie selon la BAD est considérée comme un pays émergent au niveau de l’IA.
Si le continent maintient sa trajectoire actuelle, caractérisée par des améliorations constantes dans les infrastructures, le commerce et les services, le PIB de l’Afrique devrait atteindre 4 230 milliards de dollars US d’ici 2035 (en dollars constants de 2015). Ce scénario de référence repose sur des réformes progressives et le maintien des niveaux d’investissement actuels. Bien que stable, cette trajectoire n’est pas transformatrice. Elle ne tient pas pleinement compte de la croissance de la population active du continent, ni du renforcement des capacités budgétaires ou de la libération du potentiel de productivité sous-exploité dans tous les secteurs.
L’IA offre une voie alternative. Avec les conditions propices à son adoption, notamment des infrastructures numériques, une main-d’œuvre qualifiée, des données interopérables, des systèmes fiables et des capitaux suffisants, l’économie africaine pourrait atteindre 5 230 milliards de dollars US d’ici 2035. Cela représenterait une augmentation de 1 000 milliards de dollars US par rapport aux projections de référence, soit près d’un tiers du PIB actuel de l’Afrique.
Pourquoi c’est important maintenant
De nombreux pays africains progressent sur des aspects clés de la préparation à l’IA. En 2024, au moins sept pays, dont le Kenya, le Ghana et le Nigéria, avaient lancé ou mis en place des environnements pilotes d’IA. Plus de 25 pays déploient des plans d’accélération du haut débit grâce à des initiatives telles que l’UA et le programme Digital Moonshot de la Banque mondiale. D’autres, comme l’Afrique du Sud et le Sénégal, ont lancé des programmes de bourses en IA ou des projets pilotes de numérisation dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des registres publics.
Pourtant, ces efforts restent fragmentés, souvent cloués, non séquencés et dépourvus d’intégration systémique. Pour en tirer pleinement profit, il est indispensable, selon le rapport de la BAD, que tous les acteurs soient coordonnés.
Source : rapport de la BAD- version originale en Anglais- résumé L’Expert.