La guerre commerciale entre la Tunisie et le Maroc risque de prendre un nouveau tournant. Après la bataille commerciale et juridique des cahiers scolaires tunisiens importés au Maroc et qui ont été frappés par des droits de douane exorbitants, viendra certainement la bataille de l’huile d’olive et des dattes. Une nouvelle mesure protectionniste et très contestée par certains opérateurs marocains vient d’être prise par le ministère de l’industrie et du commerce marocain.
Depuis la semaine dernière le Maroc impose des licences à l’importation pour les huiles d’olive et les dattes. La restriction concerne 3 produits à savoir l’huile d’olive, les mélanges d’huiles d’olive et les dattes. Ces 3 produits sont soumis à une autorisation préalable pour pouvoir être importés sur le territoire marocain. Cette décision publiée au Bulletin officiel, constitue un amendement au décret ministériel n°1308.94 du 19 avril 1994 fixant la liste des produits soumis à des restrictions quantitatives à l’import ou à l’export. Selon les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce, cette mesure est une restriction non tarifaire, protectionniste et constitue une barrière à l’entrée sur le marché. Concrètement, tout importateur marocain voulant importer ces produits au Maroc devra obtenir une autorisation du ministère du commerce, après instruction du dossier.
L’argument avancé pour motiver cette mesure est la protection des filières locales. En effet, le Maroc enregistre cette année une bonne production d’huile d’olive qui pourrait atteindre 200.000 tonnes. Pour les dattes, le Maroc veut réguler l’offre sur le marché local selon les saisons.
Cette mesure aura certainement un impact important sur les échanges commerciaux entre la Tunisie et le Maroc. En effet, le Maroc accapare plus de 20% de nos exportations de dattes qui ont atteint en 2024 plus de 33.000 tonnes. Cette mesure pourra être aussi analysée comme une réponse au fameux communiqué du Groupement des dattes et qui a exclu l’exportation des dattes au Maroc pour se rattraper quelques jours après et rectifier le tir suite à une intervention présidentielle.
Pour l’huile d’olive, le Maroc est le deuxième producteur africain après la Tunisie. La saison actuelle s’annonce prometteuse pour l’industrie oléicole marocaine, et le gouvernement marocain voulait protéger un secteur dans lequel il a beaucoup investi durant les dernières années. Or, l’huile marocaine est concurrencée sur le marché local par l’huile d’olive espagnole et tunisienne qui est de meilleure qualité et surtout qui coûte moins cher même importée. L’huile d’olive tunisienne principalement jouit d’une bonne réputation au Maroc et elle très prisée par les consommateurs. La mesure restrictive intervient aussi dans une conjoncture de surproduction d’huile d’olive en Tunisie et des difficultés d’écoulement sur le marché international.
Cette mesure restrictive prise par le Maroc risque d’ajouter une nouvelle « tâche d’huile » dans les relations commerciales entre la Tunisie et le Maroc. Le gouvernement tunisien peut en contre partie et en réponse à cette mesure déposer une plainte au niveau de l’Organisation Mondiale du Commerce afin de la bloquer.