Au 22 décembre 2025 la Tunisie a franchi le cap des 11 millions de touristes. Un record historique qui confirme la position de la Tunisie en tant que destination touristique d’excellence. Ce chiffre confirme aussi la convalescence du secteur touristique après des années de vache maigre.
Mais faut-il réellement crier victoire ? Qu’on rapporté ces 11 millions de touristes au tourisme tunisien et surtout aux hôteliers tunisiens ? L’analyse approfondie de ce chiffre relativise énormément son importance.
Le nombre de touristes ayant visité la Tunisie depuis le début de l’année et jusqu’au 22 décembre a atteint plus de 11 millions de touristes dépassant même les objectifs du ministère du Tourisme.
Les recettes touristiques, selon la Banque Centrale, ont atteint 7,886 milliards de dinars à la date du 22 décembre 2025, en hausse de 6,3 % par rapport à la même période de l’année 2024 soit 2.6 milliards de dollars. L’année dernière la Tunisie avait accueilli environ 10,264 millions de touristes, et les recettes touristiques 7,494 milliards de dinars.
Selon les chiffres de 2025, chaque touriste a ainsi rapporté entre hébergement et dépenses courantes 716 dinars soit 200 euros. Un niveau faible en comparaison avec d’autres destinations. Par exemple la dépense moyenne de tourisme récepteur par tête d’entrée au Maroc atteint environ 655 euros. Au premier Décembre 2025, le Maroc enregistre un nouveau record de recette avec 11.3 milliards de dollars et 16.6 millions de touristes. Ces recettes vont certainement augmenter avec l’effet de la coupe d’Afrique se déroulant actuellement au Maroc.
L’autre point qui pousse à relativiser les chiffres du ministère du tourisme est la répartition géographique de ces touristes.
Durant les 11 premiers mois de 2025, sur les 10 millions de touristes enregistrés, 1 million de touriste sont français, la Grande-Bretagne 415.000 visiteurs, la Pologne 320.000 visiteurs, l’Italie 147.531 visiteurs et le Canada 34.985 visiteurs.
Le nombre d’algériens ayant visité la Tunisie durant les 11 premiers mois ont atteint 3.6 millions visiteurs, et les libyens étaient 2.4 millions de visiteurs. Entre les deux c’est plus de 55% du nombre de touristes. S’ajoutent à ces chiffres les tunisiens résidents à l’étranger qui étaient de 1.5 millions de visiteurs. Le nombre de touristes algériens a déjà dépassé les 3.5 millions de visiteurs enregistrés durant toute l’année 2024 suite à la vague de voyage organisés durant le mois de décembre afin de bénéficier de l’allocation de 750 euros octroyée par les autorités algériennes.
Selon des enquêtes sérieuses, les visiteurs algériens et libyens passent en moyenne entre 0.4 et 0.6 nuitée par personne dans les hôtels ce qui limite considérablement leur impact sur le secteur touristique proprement dit à savoir les unités hôtelières. Les visiteurs maghrébins préfèrent en grande partie l’hébergement dans des maisons privées et les appartements.
Le nombre de nuitées a baissé en 2025 en comparaison avec 2024. En effet, les 230.726 lits disponibles dans les hôtels, n’ont été occupés que pour 27 millions nuitées seulement. Ceci revient à dire que chaque lit a été occupé pour 117 jours seulement soit moins du1/3 de l’année.
Il est important de relativiser les chiffres du ministère du tourisme suite à une analyse poussée et l’établissement d’un comparatif avec d’autres destinations. Le ministère du tourisme doit travailler surtout sur le qualitatif et ne pas crier victoire avec ces chiffres. La publication même de ces chiffres doit être affinée avec des ratios de dépense par touriste, ou la rentabilité par lit, ou les dépenses des touristes hors de l’hôtel. Les chiffres doivent aussi ne pas citer le nombre d’entrées sur le territoire tunisien, mais aussi ceux qui ont séjourné dans des hôtels. Sur les 7.2 millions de visiteurs algériens, libyens et tunisiens, seulement 10% hébergent dans des hôtels.
Il est important à ce niveau de rappeler la définition du touriste par l’Organisation Mondiale du Tourisme. En effet, est considéré touriste celui qui « passe au moins une nuit hors de son environnement habituel, mais moins d’un an, pour des motifs de loisirs, affaires ou autres, sans être rémunéré dans le lieu visité ».