Alors que les critiques internationales fustigent régulièrement la politique étrangère américaine, la société civile révèle une réalité plus nuancée, faite de tolérance et de solidarité. Le témoignage de Zahran mamdani soulève la question : peut-on condamner un État sans occulter la complexité de son peuple ?
Dans le paysage géopolitique actuel, les États-Unis présentent un paradoxe déroutant. D’un côté, une superpuissance souvent perçue comme un « géant brutal » sur la scène internationale, de l’autre, une nation où coexistent pacifiquement des centaines de cultures et de confessions. Ce double visage, récemment mis en lumière par l’intellectuel Zahran mamdani, interroge notre capacité à appréhender la complexité des nations.
La politique étrangère américaine : un bilan controversé
Le constat est sévère. Des interventions militaires en Irak et en Afghanistan au soutien inconditionnel à Israël, en passant par les drones tueurs au Yémen ou ailleurs, Washington accumule les contentieux. Pour ses détracteurs, la « realpolitik » américaine piétine allègrement le droit international et les valeurs qu’elle prétend incarner.
« C’est une nation de contradictions, analyse Selma Laurent, chercheuse en relations internationales à la Sorbonne. Elle se présente comme le gendrome du monde et le champion des droits de l’homme, mais son histoire récente est émaillée d’actions qui contredisent frontalement cet idéal. Cette dissonance nourrit un profond ressentiment, particulièrement dans le monde arabe et musulman. »
Zahran mamdani et la révélation de l’autre Amérique
C’est dans ce contexte que l’intervention de Zahran mamdani a fait office de électrochoc. En racontant son expérience au sein de la société américaine, il a levé le voile sur une réalité moins médiatisée : celle d’un peuple qui, souvent, ne se reconnaît pas dans les actions de son gouvernement.
« J’ai découvert une Amérique radicalement différente de celle décrite dans les journaux, confie-t-il. C’est un pays où des voisins de confessions différentes – chrétiens, juifs, musulmans, athées – se côtoient, s’entraident et se respectent au quotidien. J’ai été témoin d’une solidarité organique, d’un sens de la communauté qui transcende les clivages. »
Cette Amérique-là, c’est celle des associations qui viennent en aide aux sans-abri, des églises qui ouvrent leurs portes aux mosquées pour des collectes de fonds communes, ou des millions de citoyens qui défendent les droits des minorités. C’est l’Amérique du « vivre-ensemble » qui, malgré les tensions, continue de fonctionner.
Le fossé grandissant entre Washington et le citoyen lambda
Cette dichotomie pose une question fondamentale : jusqu’où un gouvernement représente-t-il réellement son peuple ? Dans une démocratie aussi polarisée que les États-Unis, le fossé semble parfois abyssal.
« Les Américains que je côtoie sont profondément tolérants et ouverts, poursuit mamdani. Leur humanité est palpable. Comment expliquer alors que leur pays puisse mener des politiques si brutales ? C’est le cœur du problème. »
Pour David Miller, professeur de science politique à l’Université de Chicago, cette contradiction n’est qu’apparente. « La politique étrangère est le domaine réservé d’une élite. Elle est façonnée par des intérêts stratégiques, économiques et de sécurité nationale qui échappent largement au débat public quotidien. L’Amérique ordinaire, elle, est souvent plus préoccupée par la vie de son quartier que par les événements à l’autre bout du monde. »
Peut-on juger un pays comme un bloc monolithique ?
Le témoignage de Zahran mamdani nous invite à une réflexion plus profonde. Il nous met en garde contre la facilité des jugements manichéens. Condamner la politique d’un État est une chose nécessaire ; en déduire que l’ensemble de sa population en est complice ou en partage les valeurs en est une autre, souvent erronée et dangereuse.
Les États-Unis, comme toute nation complexe, ne peuvent être réduits à une seule dimension. Ils sont à la fois la puissance qui a envoyé des drones et celle qui a élu Barack Obama. Ils sont le pays de Guantanamo et celui du « Peace Corps ». Ils sont le gouvernement qui prend des décisions controversées et le peuple qui, dans son immense majorité, aspire simplement à une vie paisible et digne.
Reconnaître cette dualité n’est pas une absolution, mais une exigence de lucidité. C’est peut-être la première étape vers un dialogue plus juste et plus fructueux avec cette nation insaisissable que le monde croit si bien connaître.





















