Tunis – Dans un contexte de redéfinition des alliances économiques mondiales, la Tunisie regarde de plus en plus au-delà de ses partenaires traditionnels européens pour explorer de nouveaux horizons commerciaux. Parmi les pistes stratégiques, le Mercosur – marché commun regroupant l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay – apparaît comme une opportunité encore largement inexploitée.
Un bloc économique majeur
Créé en 1991, le Mercosur représente près de 270 millions d’habitants et un PIB cumulé avoisinant les 3 000 milliards de dollars. Ce marché commun est devenu, au fil des décennies, un acteur incontournable du commerce mondial, particulièrement dans les domaines de l’agroalimentaire, de l’énergie et des matières premières. Le Brésil et l’Argentine, locomotives du bloc, figurent parmi les principaux exportateurs mondiaux de produits agricoles et industriels.
Les intérêts de la Tunisie
La Tunisie entretient traditionnellement des liens commerciaux étroits avec l’Union européenne (près de 70 % de ses échanges). Mais la diversification est devenue une nécessité. L’ouverture vers le Mercosur pourrait offrir plusieurs avantages :
Accès à des marchés agricoles et industriels pour les exportateurs tunisiens, notamment dans l’huile d’olive, les dattes, les produits agroalimentaires transformés et le textile.
Approvisionnement énergétique et coopération dans les énergies renouvelables avec le Brésil et l’Uruguay.
Partenariat universitaire et technologique avec des pays comme l’Argentine, dont les compétences en matière de biotechnologies et de pharmacie sont reconnues.
Les obstacles à franchir
Toutefois, plusieurs défis demeurent :
Les droits de douane appliqués par le Mercosur restent élevés, rendant difficile la compétitivité des produits tunisiens.
La distance géographique implique des coûts logistiques importants et limite la fluidité des échanges.
L’absence d’un accord de libre-échange ou de coopération structuré ralentit l’établissement de flux commerciaux significatifs.
Diplomatie économique en marche
Depuis quelques années, Tunis multiplie les contacts avec les chancelleries sud-américaines. Des discussions exploratoires ont été engagées afin de renforcer les liens économiques et culturels. L’adhésion de la Tunisie à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pourrait aussi servir de levier pour intéresser le Mercosur à un partenariat triangulaire Afrique-Amérique latine.
Une stratégie à long terme
Pour la Tunisie, l’enjeu est de ne pas rester confinée à l’axe euro-méditerranéen et d’intégrer pleinement les dynamiques du Sud global. Le Mercosur, de son côté, cherche à diversifier ses partenaires hors des États-Unis et de l’Union européenne. Une complémentarité existe donc, mais elle nécessitera vision, constance diplomatique et accords pragmatiques pour dépasser le stade des déclarations d’intention.





















