Le calvaire des tunisiens est interminable avec l’administration publique. L’une des administrations les plus importantes dans leur vie est incontestablement la Caisse nationale d’Assurance Maladie (CNAM). Depuis des mois le remboursement des bulletins de soins prend des retards importants mettant en péril la santé des tunisiens et leur pouvoir d’achat.
Selon certains, les retards dépassent dans la majeur partie des cas les 5 mois, quelques soit le montant. Le tunisien est ainsi obligé d’avancer des frais, alors que la CNAM a déjà encaissé sa contribution mensuelle. En effet, depuis 2016, la CNAM perçoit directement la cotisation des adhérents sans passer par les caisses de sécurité sociale.
Cette situation a crée des problèmes pour les tunisiens, surtout ceux ayant des maladies chroniques, qui sont parfois obligé d’acheter les médicaments à crédit auprès des pharmacies en attendant le remboursement par la CNAM.
Selon les derniers chiffres disponibles, la CNAM n’est pas comptablement déficitaire, elle est même excédentaire de plus de 1 milliards de dinars. Mais la caisse a un problème énorme de liquidité causé par ces créances auprès de la CNSS et la CNRPS. La CNAM doit à ces deux caisses plus de 9 milliards de dinars selon les chiffres de 2022 (5.7 milliards en 2020). La CNRPS de son côté accuse un déficit colossal de 700 millions de dinars en 2024 et prévoit un déficit de 1.1 milliard en 2025, tandis que la CNSS accuse un déficit de 960 Millions de dinars (2022).
Les retards dans les remboursements des frais ne sont pas expliqués par la CNAM dans une négligence totale du droit des citoyens à l’information. Parfois au guichet on vous dit que c’est un problème de personnel, ou qu’il faut attendre un peu tout sera réglé dans quelques jours.
Selon les chiffres de la CNAM, se sont chaque année plus de 3 millions bulletins de soins qui sont déposés dans leurs guichets locaux et régionaux. Une grande partie de ces bulletins concerne ceux ayant des maladies chroniques (APCI). Le nombre des personnes ayant une décision APCI est de plus de 1 million d’adhérents, alors que le nombre de décisions de prise en charge APCI atteint plus de 1.5 million de décision.
Le système de santé tunisien souffre déjà de plusieurs lacunes. Les prix pratiqués dans le secteur privé montent en flèche, et les dépenses des tunisiens dans cette rubrique sont importantes. En effet, le tunisien contribue à raison de 38 à 40% des dépenses de santé, alors que selon l’Organisation Mondiale de la Santé, cette contribution doit être entre 20 et 25%.
Cette situation pousse les tunisiens à faire des arbitrages entre les dépenses de santé et d’autres dépenses tel que l’éducation, l’alimentation, le transport,…
Le ministère des affaires sociales a pris la décision récemment d’augmenter les plafonds de remboursement de plus de 50%. Une décision à saluer. Or, à quoi bon augmenter les plafonds alors que le remboursement n’existe pas ou prend beaucoup de retard.
L’adhérent à la CNAM ne doit pas être pénalisé pour des raisons de problèmes financiers entre la CNAM et les caisses de sécurité sociale. Il paye chaque mois sa cotisation et a par conséquent droit à être remboursé. Les autres considérations relatives au vieillissement de la population, aux déficits de la CNSS ou de la CNRPS, à la baisse du nombre d’actifs,…ne l’intéresse pas.
Nous lançons ainsi un appel à l’autorité de tutelle de la CNAM à fixer un délai maximum raisonnable pour le remboursement des bulletins de soins, et à respecter les droits des adhérents afin de garantir la bonne santé des citoyens.