Les députés en France prennent au sérieux le danger de la plateforme chinoise Tik Tok sur les adolescents. Nous espérons que nos députés le font aussi. Le 11 Septembre dernier un rapport parlementaire en France rédigé par Arthur Delaporte et Laure Miller pointe, preuves à l’appui, les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs.
Un rapport accablant :
Le rapport intitulé : « Quand le divertissement vire au cauchemar : sortir nos enfants du piège algorithmique de TikTok ». Un document volumineux de deux tomes et 1.367 pages que vous pouvez consulter à l’adresse suivante : www.assemblee-nationale.fr/dyn/actualites-accueil-hub/effets-psychologiques-de-tiktok-sur-les-mineurs-presentation-du-rapport-d-enquete.
Ce rapport est le fruit de 90 heures pour 178 personnes : familles de victimes, experts, associations, influenceurs et dirigeants de TikTok.
Le rapport dresse un constat sans équivoque : l’algorithme de TikTok crée un « piège » qui enferme les jeunes dans des bulles nocives et fragilise leur santé mentale. Selon le rapport « TikTok n’est pas une plateforme neutre. C’est une machine algorithmique conçue pour capter l’attention, l’enfermer dans un circuit fermé de contenus similaires, et l’exploiter : c’est le fameux fil « Pour toi » ». L’algorithme, dont TikTok refuse toujours de dévoiler les ressorts, observe ainsi chaque interaction de l’utilisateur : temps de visionnage, arrêt sur image, likes, partages. Puis il affine ses suggestions en fonction de ces signaux faibles. C’est un mécanisme de spirale : plus on regarde un certain type de contenu, plus on est exposé à des vidéos similaires (rapport).
Les chiffres de l’utilisation de Tik Tok en France sont importants. « Selon Médiamétrie, que nous avons auditionné, les 11-17 ans passent en moyenne 4 heures et 38 minutes par jour sur Internet, dont 3 heures et 11 minutes sur les réseaux sociaux et les messageries. Chez les adolescents, TikTok est utilisé quotidiennement par 40 % des 11‑17 ans, un chiffre qui grimpe à 47 % chez les 15‑24 ans. Plus inquiétant encore, ces jeunes se connectent en moyenne cinq fois par jour à TikTok, avec une durée moyenne de session d’une heure et 28 minutes ».
Il pointe aussi les effets indirects : perte d’attention, perturbation du sommeil, chute de l’estime de soi, notamment chez les adolescentes exposées à des standards de beauté irréalistes. La commission parlementaire chargée du rapport met en garde contre la diffusion massive de contenus masculinistes et dénonce deux dispositifs jugés « pernicieux » : les « Live Match », où des mineurs sollicitent de l’argent dans des logiques proches des casinos, et la marketplace TikTok Shop, accusée de diffuser des produits à bas prix dans un modèle de « dropshipping » (vente sans stock, avec expéditions depuis la Chine).
Le rapport propose d’interdire l’accès aux réseaux sociaux avant 15 ans et de mettre en place un « couvre-feu numérique » pour les 15-18 ans, de 22 heures à 8 heures.
Il réclame la suppression du fil personnalisé « Pour toi » pour les mineurs, l’interdiction du défilement infini et des directs rémunérés, ainsi qu’une vérification obligatoire de l’âge à l’inscription via un outil sécurisé européen. Les députés envisagent même, en cas de manquements répétés, « la fermeture définitive de la plateforme ». Une plainte a déjà été déposée par un député.
Quid de la Tunisie :
Selon, Digital Discovery Tunisie, en 2025, nous avons 5,4 millions d’utilisateurs de TikTok en Tunisie. Une majorité de ces utilisateurs sont des jeunes et des adolescents. Selon l’agence Novatis, Les utilisateurs tunisiens passent en moyenne 30 minutes par jour sur l’application. Les vidéos de musique et de danse sont les plus populaires sur TikTok en Tunisie
Il est important à ce niveau de lancer une enquête, pilotée par le ministère de la femme et de la famille sur les dangers qui guettent nos jeunes sur cette plateforme. En effet, la France n’est pas le seul pays à menacer de fermer cette plateforme, plusieurs autres pays étudient actuellement la question.
L’étude peut aussi porter sur les dérives qui existent sur cette plateforme avec des influenceurs qui touchent des milliers de dinars par mois, de la diffusion de contenus indécents ou haineux, et parfois de soupçons de blanchiment d’argent. L’enjeu est de sécurité nationale, même si la Tunisie n’est pas un grand marché et ne fait pas le poids face au géant Tik Tok.
Sur un autre plan, et pour ne pas pousser à l’extrémisme, TikTok offre aux jeunes tunisiens une plateforme pour s’exprimer, à créer du contenu, et même de monter un projet et gagner de l’argent, mais ceci ne doit pas cacher les inconvénients de cette plateforme et ces risques sur la santé mentale des jeunes.
Abou Farah





















