Une croissance du bilan soutenue par le crédit
Au 30 juin 2025, l’UBCI affiche un total bilan de 5 687 MDT, en hausse de près de 19 % par rapport à juin 2024 (4 788 MDT). Cette croissance est tirée principalement par l’expansion des créances sur la clientèle, qui atteignent 3 613 MDT, soit +17 % en glissement annuel. Cette dynamique témoigne d’une politique active de distribution de crédits, dans un contexte économique encore fragile.
Des dépôts clients en hausse modérée
Les dépôts de la clientèle progressent à 3 937 MDT (+8,6 % par rapport à juin 2024), ce qui reste en deçà du rythme de croissance des crédits. Le ratio crédits/dépôts se tend, accentuant la dépendance de la banque vis-à-vis du refinancement auprès de la Banque Centrale, dont les concours atteignent 748 MDT contre 257 MDT un an plus tôt. Ce recours accru reflète des tensions de liquidité, partagées par l’ensemble du secteur bancaire tunisien.
Amélioration du Produit Net Bancaire
Le Produit Net Bancaire (PNB) ressort à 175,8 MDT au premier semestre 2025, en progression de +14,5 % sur un an. Cette performance est portée par :
- La hausse des revenus d’intérêts (+9 %),
- La forte contribution des gains de portefeuille commercial (30,3 MDT contre 11 MDT en 2024),
- Mais légèrement freinée par une baisse des commissions (35,1 MDT contre 37 MDT en 2024).
Rentabilité en progression mais encore fragile
Le résultat net semestriel s’établit à 27,4 MDT, en hausse de 18 % par rapport à juin 2024 (23,1 MDT). Cette amélioration provient d’une meilleure maîtrise du coût du risque (6 MDT contre 5,4 MDT un an plus tôt, soit un niveau relativement contenu) et d’un contrôle des charges d’exploitation.
Cependant, le poids des charges de personnel reste élevé (71,6 MDT, +5 %), absorbant plus de 40 % du PNB. Le résultat d’exploitation atteint 55,8 MDT, ce qui confirme une marge bénéficiaire modeste pour une banque de cette taille.
Structure financière renforcée mais sous pression
Les capitaux propres s’élèvent à 551 MDT, contre 517 MDT un an auparavant. Cette progression reste modeste par rapport à la croissance du bilan, ce qui interroge sur la capacité de la banque à soutenir son expansion sans accroître sa dépendance aux financements externes.
Par ailleurs, les engagements hors bilan (cautions, crédits documentaires, garanties) atteignent 2 216 MDT, en forte hausse (+47 %), ce qui traduit une activité soutenue mais aussi une exposition accrue aux risques de contrepartie.
Une trésorerie en situation critique
Le tableau de flux de trésorerie montre une sortie nette de -360 MDT au premier semestre, creusant la position de liquidité. La trésorerie de clôture devient négative à -241 MDT contre +260 MDT un an plus tôt. Cette évolution illustre la pression exercée par la croissance des crédits et la lenteur relative de la collecte de dépôts.
Entre dynamisme et vulnérabilités
L’UBCI présente des résultats semestriels solides, avec une amélioration du PNB et du résultat net, traduisant une gestion plus efficace et une diversification des revenus. Toutefois, la banque reste confrontée à trois défis majeurs :
- Une liquidité tendue, avec un recours croissant à la Banque Centrale.
- Un ratio crédits/dépôts déséquilibré, signalant un besoin urgent de renforcer la collecte de dépôts.
- Une rentabilité structurellement faible, en raison du poids des charges et de la pression fiscale (IS : 26,1 MDT sur le semestre).
La question clé pour les prochains semestres sera de savoir si l’UBCI parvient à renforcer sa structure financière et à stabiliser sa liquidité, afin de transformer sa croissance en véritable levier de rentabilité durable.
ABOU FARAH





















