Septembre 2025.
La Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT) a publié ses états financiers intermédiaires arrêtés au 30 juin 2025. Avec un résultat net de 246 millions de dinars au premier semestre, en hausse de 12 % par rapport à la même période de 2024, l’institution confirme sa position de leader du secteur bancaire tunisien. Mais au-delà de la solidité apparente, certains indicateurs appellent à la prudence.
Une rentabilité sous pression
Si le produit net bancaire s’élève à 788 MDT (+9,1 % en un an), cette croissance est largement absorbée par la flambée des charges d’exploitation bancaire, en hausse de 12,26 % sur la même période. Le coût de la ressource, tiré par la rémunération des dépôts clientèle, pèse lourdement : 405,9 MDT d’intérêts versés au premier semestre, contre 359,2 MDT un an plus tôt.
Résultat : le bénéfice par action recule légèrement, passant de 6,15 dinars en juin 2024 à 6,03 dinars en juin 2025, signe d’une dilution de la rentabilité malgré l’expansion du bilan.
Des créances douteuses persistantes
Le portefeuille de crédits reste fragilisé. Les créances douteuses brutes atteignent 1,316 milliard de dinars, en progression par rapport à juin 2024 (1,193 milliard). Pour les couvrir, la banque a dû mobiliser près de 922 MDT en provisions et agios réservés.
Cette montée en puissance des actifs classés traduit une exposition persistante aux risques de défaut, en dépit d’un environnement réglementaire plus strict et d’une gestion active du risque.
Provisions en hausse et vigilance accrue
Les dotations nettes aux provisions se chiffrent à 47 MDT, presque le double de celles constatées au premier semestre 2024. Cette prudence témoigne de la volonté de sécuriser le portefeuille, mais elle reflète aussi la dégradation de la qualité des actifs.
En parallèle, la banque conserve une forte dépendance à ses emprunts subordonnés, qui atteignent 808 MDT, un levier de financement qui améliore les fonds propres réglementaires mais accroît la vulnérabilité en cas de tensions de liquidité.
Risques fiscaux et réglementaires
Deux dossiers assombrissent par ailleurs la visibilité. D’une part, la vérification fiscale sur la période 2020-2023, clôturée en 2025, a eu un impact direct sur les comptes. D’autre part, la procédure engagée par le Conseil de la concurrence contre le secteur bancaire, liée au report des échéances durant la crise Covid-19, reste ouverte. Son issue demeure incertaine et pourrait représenter un risque juridique et financier.
Derrière la façade de solidité
Avec un total bilan de 26 milliards de dinars en juin 2025 (+13,8 % en un an), la BIAT conserve une stature de géant bancaire. Mais son modèle est soumis à des tensions structurelles :
• une pression accrue sur les marges,
• des créances douteuses lourdes et coûteuses à provisionner,
• et une rentabilité actionnariale en léger repli.
La banque affiche des résultats solides en apparence, mais les fragilités latentes rappellent qu’en finance, la croissance du bilan ne suffit pas à masquer les risques de fond.