Sur recommandation de la ministre des Affaires culturelles, Mme Amineh Essarrafi, le directeur général de la Bibliothèque nationale, M. Khaled Kchir, s’est rendu mardi 2 septembre 2025 à la résidence de Mme Kalthoum Essram, veuve de l’ancien ministre et figure culturelle tunisienne, feu Chédli Klibi, à Carthage.
À cette occasion, une convention a été signée, par laquelle la famille du défunt a fait don de sa bibliothèque personnelle à la Bibliothèque nationale. Cette collection, patiemment constituée durant plusieurs décennies, témoigne de la richesse intellectuelle de l’homme d’État et de culture qu’était Klibi. Elle regroupe des références variées couvrant la littérature, l’histoire, les sciences politiques et sociales, venant ainsi renforcer le patrimoine documentaire mis à la disposition des chercheurs, étudiants et lecteurs.
La cérémonie s’est tenue en présence de la fille du défunt, du responsable de sa bibliothèque ainsi que de plusieurs cadres de la Bibliothèque nationale, marquant un geste de haute portée symbolique et culturelle. Par ce legs, la famille Klibi a choisi de partager un héritage intellectuel qui dépasse le cadre privé pour intégrer la mémoire collective de la Tunisie.
Un bâtisseur de la politique culturelle tunisienne
Homme de lettres, intellectuel et homme d’État, Chédli Klibi a profondément marqué l’histoire culturelle et politique de la Tunisie contemporaine. Né le 6 septembre 1925 à Dar Chaâbane El Fehri, il poursuit ses études au Collège Sadiki avant d’obtenir une licence de lettres arabes à la Sorbonne, à Paris. De retour au pays, il se consacre à l’enseignement de la littérature arabe à la Faculté des Lettres de Tunis.
Très tôt, il s’engage aux côtés du président Habib Bourguiba dont il devient directeur de cabinet en 1961. La même année, il est nommé premier ministre tunisien de la Culture, poste qu’il occupe jusqu’en 1970. Durant cette période, il jette les bases d’une véritable politique culturelle nationale, encourageant la création de maisons de culture, de festivals et d’institutions modernes, au service de la diffusion artistique et intellectuelle.
Il occupe par la suite les fonctions de ministre de l’Information (1974-1976), puis de directeur du cabinet présidentiel (1976-1979), avant d’être élu secrétaire général de la Ligue des États arabes en 1979, fonction qu’il conservera jusqu’en 1990. Premier non-Égyptien à occuper ce poste, il a marqué de son empreinte la diplomatie arabe durant une période particulièrement sensible.
Un héritage pour les générations futures
Au-delà de son parcours institutionnel, Chédli Klibi a laissé des mémoires et des écrits qui éclairent son rapport à la culture, à la politique et au monde arabe. Sa bibliothèque personnelle, désormais confiée à l’institution nationale, constitue un prolongement naturel de cette œuvre, offrant aux générations futures un accès à une partie de l’univers intellectuel d’un homme qui a œuvré pour l’identité culturelle de la Tunisie et son rayonnement international.
Par ce geste, la famille Klibi perpétue la mémoire d’un pionnier de la politique culturelle et d’un acteur majeur de la scène arabe, tout en renforçant la mission de la Bibliothèque nationale : préserver, enrichir et diffuser le savoir.