Un contexte de crise de mobilité
La Tunisie fait face à une double crise : celle du transport public, souvent saturé et peu fiable, et celle de la dépendance excessive à la voiture individuelle. La hausse continue du prix des carburants, l’embouteillage chronique dans les grandes villes, ainsi que l’impact environnemental du trafic motorisé, poussent à rechercher des solutions innovantes. Le covoiturage s’impose comme une alternative à la fois économique, écologique et sociale. Mais pour que ce potentiel devienne réalité, il doit être légiféré et organisé.
Pourquoi légiférer le covoiturage ?
Sans cadre légal, le covoiturage reste perçu comme une pratique informelle, parfois confondue avec le transport clandestin. Une législation claire permettrait :
de définir le statut juridique du covoitureur (conducteur particulier partageant ses frais et non opérateur de transport) ;
de fixer un plafond tarifaire basé sur le partage des coûts (carburant, péage) ;
d’encadrer la sécurité et la responsabilité civile, notamment via l’assurance obligatoire couvrant passagers et conducteurs ;
d’offrir une reconnaissance officielle aux plateformes numériques de mise en relation, qui restent aujourd’hui marginalisées.
Les bénéfices attendus
Économiques : réduction des frais de transport pour les citoyens, désengorgement des infrastructures routières, et baisse de la consommation nationale de carburants importés.
Sociaux : renforcement de la solidarité entre citoyens, amélioration de la mobilité dans les zones rurales mal desservies, et lutte contre l’exclusion liée au manque de transport.
Environnementaux : réduction des émissions de CO₂ et de la pollution urbaine, contribuant aux engagements climatiques de la Tunisie.
Comment organiser le covoiturage ?
L’organisation repose sur un triptyque :
Cadre réglementaire clair : loi ou décret encadrant le covoiturage comme une activité citoyenne, non commerciale, afin de le distinguer du transport professionnel.
Partenariat public-privé : intégration des applications de covoiturage dans les stratégies nationales de mobilité, avec un accompagnement technologique (géolocalisation, sécurité des paiements, notation des utilisateurs).
Incitations : exonérations fiscales pour les plateformes tunisiennes, subventions incitatives (ex. parkings réservés au covoiturage, réduction de péages), et campagnes de sensibilisation pour démocratiser la pratique.
Une opportunité pour le développement national
Légiférer et organiser le covoiturage ne relève pas seulement d’une mesure sectorielle. Il s’agit d’une politique publique transversale, capable de générer des retombées positives sur l’économie, l’environnement et la cohésion sociale. Dans un pays où la mobilité est un facteur clé de développement et d’inclusion, le covoiturage peut devenir une solution tunisienne aux défis du XXIᵉ siècle





















