Depuis 2006 la Tunisie n’arrive pas à lancer son projet stratégique d’un port en eau profonde dans la zone d’Enfidha. De l’autre côté de la méditerranée, les marocains, qui ont commencé à penser à un port après nous, ont déjà réalisé le port de Tanger, et il est aujourd’hui l’un des plus grands ports et classé 3ème dans le monde au niveau de la gestion des containers.
Un projet stratégique :
Vu la situation du port de Rades, et la congestion du trafic à son niveau, la construction d’un nouveau port est urgente et stratégique pour l’amélioration de l’infrastructure portuaire en Tunisie.
Depuis le 6 Décembre 2018 une société a été créée pour le suivi et la réalisation du port. C’est le même modèle que la société du Métro léger de Sfax, qui est établie avec un PDG et des fonctionnaires, mais sans métro.
Selon l’OMMP, le financement du projet sera assuré à 60%( Dragage, Ouvrages de protection, Mur de quai) par le secteur public et 40% (Equipements, Aménagement & terrassement terre-pleins) par le secteur privé.
La superficie globale du port est de 3.000 hectares dont 1.000 ha pour le seul port et le reste pour la zone économique et logistique avec une profondeur de 19 mètres. La capacité du port sera de 5 millions de conteneurs EVP, et 4 millions de tonnes pour le trafic de vrac. Le coût estimé du projet est de 1.1 milliards de dollars. Un coût qui risque certainement d’augmenter si les travaux prennent encore plus de retard.
Au mois de Mars dernier, des lots de terrains dans la zone d’Enfidha ont été expropriés au profit du projet. D’autres lots le seront aussi afin de préparer la zone logistique du port.
Un nouveau calendrier :
Selon le plan de développement 2026-2030 préparé par le gouvernement, le port entrera en activité selon les projections en 2031, contre une ouverture en 2030 dans l’ancien plan.
Un dossier a déjà été déposé au mois d’Avril 2025 par le ministère du transport pour classer le projet parmi les grands projets stratégiques et bénéficier de la souplesse introduite par le décret 497 du 24 Octobre 2025. L’option choisie par le ministère du transport est la négociation directe.
Selon les prévisions du ministère, le choix du partenaire stratégique sera effectué en 2025, la mise en œuvre du partenariat est prévue pour toute l’année 2026, les travaux commenceront en 2027, et l’entrée effective en activité est prévue pour 2031.
Au mois de Mai dernier, le ministère du transport a déjà présenté ce planning et le dossier du port à la présidence du gouvernement.
Le B.O.T sera mieux :
L’Etat semble avoir choisi son option pour la réalisation du port en eau profonde d’Enfidha, avec la recherche d’un partenaire stratégique. Cette option pèsera sur les finances de l’Etat puisqu’il sera appelé à mettre les mains dans la caisse et mobiliser pas moins de 600 millions de dollars durant les 5 prochaines années. Des difficultés dans la mobilisation des financements pour les travaux du dragage ou de la construction du quai, ne feront que retarder l’exécution du projet.
L’option du partenaire stratégique, et dans le contexte actuel des difficultés économiques de la Tunisie n’attirera pas des investisseurs.
L’Etat aurait mieux faire s’il a adopté l’option B.O.T (Build Own and Transfer), comme le modèle de l’aéroport d’Enfidha géré par le Turque TAV.
Cette option permettra certainement l’accélération des travaux et la réussite du projet.