Alors que la Tunisian Foreign Bank (TF Bank) navigue en eaux extrêmement troubles, l’arrivée de deux poids lourds du secteur bancaire tunisien suscite un espoir de sauvetage. Haykel Khadhraoui, nommé à la tête de l’institution, et Foued Khouaja, récemment propulsé Directeur Général Adjoint, forment un duo d’experts mandaté pour une mission de la dernière chance.
Haykel Khadhraoui : Le pompier des crises bancaires
La nomination de Haykel Khadhraoui à la présidence est un signal fort. Avec 29 ans d’expérience, dont plus de vingt dans des institutions stratégiques comme la Banque Centrale de Tunisie, la BH Bank et la BFPME, cet expert en gestion des risques et en restructuration est taillé pour les situations d’urgence.
Technicien aguerri et réformateur, son parcours est une litanie de défis relevés : renforcement des contrôles, mise en place des normes IFRS 9, modernisation des systèmes d’information (T24) et refonte des politiques de gouvernance. Sa mission à la TFB est sans doute la plus périlleuse de sa carrière : redresser une banque sous perfusion financière et sous la menace directe du régulateur français.
Foued Khouaja : Le spécialiste des systèmes et de la transformation digitale
En parallèle, la désignation de Foued Khouaja comme Directeur Général Adjoint complète parfaitement le profil de Khadhraoui. Cet enfant de la STB, diplômé en ingénierie informatique (bac+6) et titulaire d’un diplôme de l’Université Paris Dauphine en audit des systèmes d’information, apporte une expertise cruciale en transformation digitale et en gouvernance des SI.
Son parcours à la STB, où il a occupé des postes clés comme Directeur Central Global Bancaire & Développement Digital et Chef de Pôle Système d’Information, démontre une maîtrise des enjeux technologiques modernes. Dans une banque où les contrôles internes et les systèmes d’information sont pointés du doigt par le régulateur, son rôle sera déterminant.
Une banque au bord de l’implosion : L’urgence absolue
Le contexte est critique. Le 9 octobre 2024, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a infligé à la TFB un blâme et une amende de 1,7 million d’euros pour des manquements graves : contrôle interne défaillant, gestion des risques fragile, dossiers de crédit mal suivis et politique de rémunération inappropriée.
Le message est sans équivoque : sans corrections rapides et profondes, l’agrément bancaire en France pourrait être retiré. Les actionnaires tunisiens (STB, BH Bank et l’État) comblent les pertes structurelles – une nouvelle injection de 11,6 millions d’euros a eu lieu en 2023 – mais leur capacité à continuer est limitée.
La mission du duo : Redresser ou se retirer
Face à cette situation, Khadhraoui et Khouaja font face à un dilemme ultime. Leur mission s’articule autour de plusieurs défis immédiats :
- Conformité réglementaire : Mettre en œuvre un plan de redressement complet exigé par l’ACPR, incluant une refonte de la gouvernance et une politique des risques robuste.
- Stabilisation financière : Superviser une nouvelle augmentation de capital de 11 millions d’euros et restaurer la confiance.
- Transformation interne : Moderniser en profondeur les systèmes d’information et les processus métier, un domaine où l’expertise de Khouaja sera précieuse.
- Repositionnement stratégique : Redéfinir le rôle de ce pont financier historique entre la Tunisie et sa diaspora.
Dernière chance pour la TFB
La nomination de ce duo de choc représente un pari stratégique de la part des actionnaires. Khadhraoui, le stratège et le redresseur, et Khouaja, le technologue et le modernisateur, ont pour tâche de sauver ce qui peut encore l’être.
La TFB vit son moment de vérité. Entre un redressement réussi qui lui permettrait de retrouver sa stabilité et un retrait d’agrément qui signerait sa fin en France, tout se joue maintenant. L’arrivée de ces deux mastodontes est perçue comme la dernière chance d’éviter l’implosion.





















