Le 14 Octobre de chaque année, le monde célèbre la journée mondiale des déchets électriques et électroniques. Un phénomène qui se développe avec la croissance de l’utilisation des appareils électriques et électroniques, l’obsolescence programmée des appareils par les fabricants, et le développement technologique rapide.
Ce phénomène mondial, touche aussi la Tunisie. Mais avons-nous l’infrastructure nécessaire pour le recyclage de ces déchets ? Avons-nous mis les législations nécessaires pour garantir un recyclage responsable des déchets électroniques ?
62 milliards de kilos dans le monde :
L’UNITAR, un institut de recherche et de formation relevant des nations unies a publié un rapport intitulé « Global E-waste monitor », qui analysé la situation des déchets électriques et électroniques dans le monde. Selon ce rapport, la production de Déchets Electriques et Electroniques dans le monde a atteint en 2022 le chiffre record de 62 milliards de kg, soit une moyenne de 7,8 kg par habitant et par an. Seuls 22,3 % de cette masse de DEEE ont été collectés et recyclés de manière écologiquement rationnelle selon les voies officielles d’après les rapports, laissant 62 milliards de dollars de ressources naturelles récupérables non comptabilisées et augmentant les risques de pollution pour les communautés du monde entier.
L’Europe affiche le taux de recyclage régional le plus élevé au monde (43%), devant l’Océanie (41 %) et les Amériques (30 %), mais elle est la région produisant le plus de déchets électroniques non-recyclés : 10,1 kilogrammes par habitant en moyenne, juste devant les Amériques (9,9 kg) et l’Océanie (9,4 kg).
Les DEEE produits en 2022 contenaient 31 milliards de kg de métaux, 17 milliards de kg de plastiques et 14 milliards de kg d’autres matériaux (minéraux, verre, matériaux composites, etc.).
Actuellement, la gestion des DEEE génère 28 milliards de dollars de matières premières de récupération sur un maximum de 91 milliards de dollars.
Et la Tunisie… :
Selon le rapport la Tunisie produit chaque année 85000 tonnes de déchets électriques et électroniques soit 6.9 Kg par an et par habitant. Un niveau qui demeure moins important que la moyenne mondiale.
Selon l’institut onusien la Tunisie n’a pas mis en place une loi pour la gestion des déchets électriques et électroniques, n’a pas prévu un objection de collecte ni de recyclage. La Tunisie n’a pas communiqué aucun chiffre sur le taux de recyclage des déchets électriques et électroniques.
Mais il s’avère que la Tunisie a mis depuis les années 2000 une loi inspirée des normes européennes sur la collecte et le recyclage de ce type de déchets. La Tunisie prévoit aussi la mise en place d’un décret qui instaura un système de pollueur-payeur pour les importateurs d’EEE.
L’Agence Nationale de gestion des Déchets est le chef de file dans le dossier des DEE.
Depuis 2016, et dans le cadre de la coopération avec la Corée, une unité pilote d’un budget de 12 MD (10.5 MD de don) est entrée en activité pour la collecte, le transport, le recyclage et la valorisation des DEEE.
Actuellement en Tunisie 17 entreprises sont autorisées pour la collecte, le recyclage et le traitement des équipements informatique.
Selon le rapport de l’institut de l’ONU, trois des ports les plus actifs d’Afrique, à savoir Durban (Afrique du Sud), Bizerte (Tunisie) et Lagos (Nigéria), figurent parmi les points d’entrées les plus importants pour les DEEE usagés, ce qui suggère que les expéditions de DEEE continuent de contourner les conventions de Bâle et de Bamako. Beaucoup de déchets transitent par le port de Bizerte pour aller à la République démocratique du Congo, le Zimbabwe et le Mozambique.
Il est important à ce niveau que la Stratégie nationale de gestion circulaire globale et sectorielle des déchets 2035/2050, mise en place depuis Juin 2023, n’a pas prévu d’objectifs quantitatifs ni qualitatifs pour la gestion des déchets électriques et électroniques. En effet, la filière de gestion et recyclage des DEEE trouve beaucoup de difficultés à s’implanter. La balle est dans le camp du ministère de l’environnement.
abou farah