Les tambours de la guerre sonnent partout. Entre la Chine et Taiwan, entre la Chine et les USA, entre les deux Corées, entre les USA et le Venezuela, entre l’Inde et le Pakistan…..Mais la tension la plus grave et la plus papable est celle qui existe aujourd’hui entre la Russie et certains pays européens de l’OTAN. Les tensions accrues augmentant le risque d’escalade. Cette situation a des répercussions potentielles sur la Tunisie en raison de sa situation géographique, de sa dépendance aux importations et de ses vulnérabilités économiques. Cette analyse examinera les relations commerciales actuelles de la Tunisie avec la Russie, explorera les scénarios possibles en cas d’aggravation du conflit, évaluera les impacts directs et indirects sur l’économie tunisienne et proposera des stratégies d’atténuation.
Exposition commerciale actuelle de la Tunisie à la Russie :
Dans un souci de variation des sources d’approvisionnement, les relations commerciales entre la Tunisie et la Russie ont enregistré une évolution considérable durant les récentes années. En 2024, la Tunisie a occupé la huitième place en Afrique, représentant 0,33% des exportations russes. Les échanges entre les deux pays ont particulièrement évolué dans le secteur agricole, avec une hausse notable de plus de 30% des exportations russes vers la Tunisie. En 2023, la Tunisie a importé pour environ 1,57 milliard de dollars de produits énergétiques russes (combustibles minéraux, pétrole). Le total des importations en provenance de Russie s’est élevé à environ 2,12 milliards de dollars en 2023.
Les tensions et les difficultés d’approvisionnement ont nettement impacté le volume des échanges commerciaux entre la Tunisie et la Russie, et on révèle une tendance à la baisse des importations russes.
Durant les 8 premiers mois de cette année la Tunisie a exporté pour 26.1 millions de dinars vers la Russie, alors que nous avons importé pour une valeur de 3059 millions de dinars contre des importations de 4072 millions de dinars durant la même période en 2024, et 4413 millions de dinars en 2023.
Au niveau du tourisme, la Tunisie était une destination privilégiée des Russes. Le nombre de touristes russes a considérablement chuté en 2024 atteignant seulement 14.000, à cause des restrictions de vol. On est loin des 650.000 touristes de 2019.
Les échanges commerciaux entre la Tunisie et la Russie touchent un domaine vital pour l’économie tunisienne à savoir les céréales et l’énergie.
Scénarios possibles en cas de conflit Russie-OTAN :
Un conflit entre la Russie et l’OTAN pourrait déclencher plusieurs scénarios, notamment des sanctions économiques réciproques, des perturbations logistiques et une perturbation générale des flux commerciaux. Cela aurait probablement une incidence sur les prix mondiaux de l’énergie (pétrole, gaz) et des matières premières agricoles (blé, engrais). De plus, les chaînes d’approvisionnement mondiales pourraient être perturbées, entraînant une augmentation des coûts du transport maritime (expédition, assurance et fret).
De telles perturbations auraient des impacts directs des secteurs clés en Tunisie et surtout sur les finances publiques. Si le conflit est déclenché dans les prochains jours ou semaines, on va assister probablement à une augmentation des coûts d’importation de l’énergie et ainsi une augmentation de la facture énergétique. Actuellement la Tunisie bénéficie d’un prix du Baril un peu clément (65 dollars), ce qui constitue une bouffée d’oxygène momentanée. Selon certains analystes, une guerre pourrait faire monter les prix à plus de 100 dollars.
Les tensions actuelles entre la Russie et certains pays européens de l’OTAN, peuvent avoir des impacts directs sur les prix des produits agricoles et alimentaire. On assistera à des risques de pénuries ou de hausses de prix du blé, du maïs, des engrais et des huiles, pouvant alimenter l’inflation alimentaire. Cette situation pourra perturber l’approvisionnement du marché local, mais aussi aggraver le déficit de la balance commerciale.
Conséquence directe d’un tel scénario, c’est certainement la hausse des dépenses de subvention et par conséquent la détérioration des équilibres globaux et des finances publiques. Sur un autre plan, les perturbations géopolitiques à l’échelle internationale vont impacter la confiance des investisseurs, ce qui va réduire le flux d’IDE sur la Tunisie et dans le monde.
Impacts indirects plus larges :
Au-delà des impacts directs, un éventuel conflit entre certains pays européens de l’OTAN et la Russie pourrait également entraîner des perturbations des chaînes de valeur de certaines industries. Le coût du transport maritime mondial va augmenter sous l’effet de l’augmentation des frais d’assurance et les coûts de fret. La hausse généralisée des prix de plusieurs produits finis ou matières premières, entrainera une inflation mondiale sans précédent.
Dans certains cas les hausses des prix peuvent entrainer des troubles sociaux et l’élévation du niveau du chômage.
Mesures d’atténuation potentielles :
Gouverner c’est prévoir. C’est dans ce cadre qu’on doit bien se préparer pour un tel scénario. André Groove disait « seuls les paranos survivront ». La Tunisie doit entamer dés à présent la variation des sources d’approvisionnement en énergie et céréales. Elle peut aussi constituer des réserves stratégiques afin d’éviter une rupture des chaines d’approvisionnement ou une hausse des prix. Sur le moyen terme, la Tunisie doit accélérer le processus de sa transition énergétique et le développement des énergies renouvelables. En phase de préparation du budget, le gouvernement doit adopter une politique prudente et s’attendre à tous les scénarios possibles.
Transformer les risques en opportunité :
Si le potentiel de conflit entre la Russie et l’OTAN présente des risques importants pour la Tunisie, il offre également des opportunités. Par exemple, la nécessité de garantir les besoins énergétiques nationaux souligne l’importance de renforcer la souveraineté énergétique et de privilégier les solutions nationales. Il est essentiel d’agir de manière préventive plutôt que réactive. La clé réside dans une préparation proactive et une planification stratégique afin de minimiser la vulnérabilité et de maximiser la résilience face à l’incertitude géopolitique.
BHA





















