L’année 2025 aura été marquée par un paradoxe sur le marché pétrolier : des soubresauts géopolitiques qui ont fait flamber les cours par moments, mais une tendance globale à la baisse, nettement en dessous des hypothèses retenues par plusieurs États, dont la Tunisie. Une situation qui, contre toute attente, pourrait alléger les finances publiques du pays.
Des cours volatils mais orientés à la baisse
Depuis janvier, le baril de Brent a évolué dans une fourchette comprise entre 60 et 80 dollars, avec des épisodes de forte volatilité. En juin, l’escalade des tensions entre Israël et l’Iran avait propulsé le Brent jusqu’à près de 79 USD, avant que les prix ne retombent rapidement autour de 68 USD.
Selon le sondage mensuel de Reuters publié fin août, le prix moyen du Brent devrait s’établir à 67,65 USD en 2025, légèrement inférieur aux projections précédentes. Goldman Sachs, de son côté, table même sur une moyenne de 63 USD, anticipant un excédent d’offre persistant à l’horizon 2026.
Une hypothèse budgétaire trop optimiste
Or, la Tunisie a bâti son budget 2025 sur une hypothèse de prix à 77,4 USD le baril. Une estimation jugée prudente au moment du vote de la loi de finances, mais désormais déconnectée des réalités du marché.
Cette divergence pourrait toutefois jouer en faveur du Trésor public. Moins le Brent est cher, plus la facture énergétique du pays s’allège, réduisant ainsi le coût des subventions sur les carburants. Selon l’économiste Ridha Chkoundali, la baisse du baril pourrait même porter le surplus budgétaire à 140 millions de dinars cette année, un ballon d’oxygène bienvenu pour des finances publiques fragilisées.
Soulagement à court terme, incertitudes à long terme
Pour Tunis, la conjoncture actuelle représente une double opportunité : réduire la pression sur le déficit budgétaire et mieux absorber les dépenses sociales prioritaires. Mais la prudence reste de mise.
D’une part, la volatilité reste extrême : un regain de tensions au Moyen-Orient ou un choc d’offre pourraient renvoyer les prix au-delà des hypothèses actuelles. D’autre part, cette « bonne surprise » met en lumière la vulnérabilité structurelle de la Tunisie aux fluctuations des marchés énergétiques, en l’absence de stratégie claire de transition énergétique et de réforme des subventions.
Vers une fenêtre de réformes ?
Alors que les négociations avec les bailleurs de fonds se poursuivent et que la pression sociale demeure forte, la baisse du Brent offre au gouvernement une marge budgétaire inespérée. Reste à savoir si elle sera utilisée pour repousser les réformes structurelles ou, au contraire, pour les engager dans un contexte moins douloureux pour les ménages.





















