Ces derniers jours, des attaques ont visé le Directeur Général de la Qatar National Bank (QNB) en Tunisie, mettant en cause ses rémunérations et la gestion de l’établissement. Pourtant, cette polémique semble occulter une réalité plus large : la fuite des compétences tunisiennes et le manque d’attractivité des postes de haut niveau en raison de rémunérations peu compétitives.
Il faut rappeler que la QNB est une filiale d’un groupe bancaire international dont les orientations stratégiques sont en grande partie déterminées par sa maison-mère à Doha. Dans ce contexte, les performances de la filiale tunisienne sont étroitement liées aux décisions du siège et à un environnement économique global où la politique et les relations internationales jouent un rôle déterminant. Critiquer uniquement la direction locale sans prendre en compte ces facteurs est une approche biaisée et réductrice.
De plus, il est essentiel de replacer les rémunérations des hauts responsables dans un contexte international. Les banques étrangères et les multinationales offrent des salaires et des avantages bien supérieurs à ce que peut proposer la Tunisie. C’est justement ce décalage qui pousse de nombreux cadres qualifiés à chercher des opportunités ailleurs, aggravant ainsi l’hémorragie des talents tunisiens.
Ce problème ne concerne pas uniquement le secteur bancaire. Hier encore, le ministre des Transports, devant le Parlement, dénonçait les salaires misérables offerts par Tunisair à ses compétences, une situation qui conduit inexorablement à la vacance des postes clés et affaiblit la compétitivité des institutions nationales. Comment attirer et retenir les meilleurs talents si la reconnaissance financière et professionnelle fait défaut ?
Plutôt que de se focaliser sur des polémiques stériles, il est temps d’ouvrir un vrai débat sur l’évaluation des compétences et la nécessité de réformes structurelles pour rendre le marché de l’emploi tunisien plus attractif. Faute de quoi, le pays continuera de voir ses cerveaux s’expatrier, au grand détriment de son avenir économique.