Longtemps considéré comme un dossier figé dans les tiroirs de l’administration, le projet du port en eaux profondes d’Enfidha vient de refaire surface avec des signaux concrets.
Le ministère du Transport a présenté les mécanismes de financement et la feuille de route opérationnelle de ce futur hub maritime, confirmant que l’ambition n’a jamais disparu : elle s’affine, se structure et cherche désormais son modèle économique.
Au moment où certains pensaient le projet abandonné, les dernières réunions officielles montrent qu’il demeure un pilier de la stratégie logistique tunisienne.
Une réunion qui change la lecture du dossier
Sous la présidence de Rached Amri, ministre du Transport, une séance de travail a été consacrée au suivi du projet et de sa zone logistique attenante. Y ont participé les plus hauts responsables du secteur : la PDG de la Société du Port d’Enfidha, la PDG de l’OMMP, ainsi que des représentants de plusieurs ministères économiques et techniques.
Au cœur des discussions :
les modalités de financement,
l’avancement de la feuille de route,
l’identification des étapes opérationnelles.
Autrement dit, on ne parle plus d’intention mais d’ingénierie de mise en œuvre.
Un projet stratégique pour la souveraineté logistique tunisienne
Le ministre a rappelé une donnée essentielle : 30% du trafic maritime mondial traverse la Méditerranée.
Dans ce contexte, la Tunisie n’a pas le luxe de l’immobilisme. Enfidha représente un positionnement géopolitique qui pourrait changer l’échelle du commerce extérieur et reconnecter le pays aux grandes routes maritimes internationales.
Rached Amri insiste d’ailleurs sur trois axes stratégiques :
✔ un port capable d’accueillir les plus grands navires du monde
✔ une infrastructure conçue selon des standards environnementaux modernes
✔ une mise en œuvre progressive, maîtrisée et alignée avec les priorités nationales
Cette vision contredit frontalement l’idée d’un projet enterré. Le chantier n’est pas arrêté — il est structuré.
Un accélérateur de développement pour le centre tunisien
Le futur port n’est pas qu’un quai géant : c’est une politique d’aménagement du territoire.
La zone logistique d’Enfidha, au cœur de la troisième région du pays, pourrait devenir un relai économique reliant l’intérieur ouest aux côtes orientales. De nouvelles entreprises, des emplois, des flux d’exportation mieux maîtrisés — la configuration peut redessiner l’équilibre productif national.
Le ministère estime que :
l’accueil de navires de très grande capacité réduira les coûts logistiques,
les exportations seront plus compétitives,
les investisseurs étrangers trouveront un point d’ancrage régional.
Autrement dit, Enfidha n’est pas un port — c’est un pivot économique en devenir.
La conclusion qui s’impose : le dossier vit toujours
Rien dans le discours officiel ne laisse penser que le projet est abandonné.
Il est en transition, dans une phase technique où l’enjeu n’est plus de convaincre — mais de financer, cadencer et exécuter.
Ce que l’on croyait mort est en réalité en maturation.
Le port en eaux profondes d’Enfidha n’est pas enterré : il attend son moment.
Et dans un monde maritime en mutation, ce moment pourrait arriver plus vite qu’on ne l’imagine.





















