Le projet de loi des finances pour l’année prochaine n’offre pas une solution pour booster l’économie nationale. C’est un projet qui a une connotation sociale, sans de véritables mesures orientées vers la croissance et la stimulation de l’investissement ou de l’exportation.
Or la situation actuelle du pays impose d’engager des réformes courageuses et audacieuses. La baisse de la TVA est l’une des pistes sur lesquels on peut travailler, car elle a un impact économique direct sur la consommation, mais aussi un impact social à travers l’inflation et le pouvoir d’achat des ménages.
Le taux général de la TVA en Tunisie est de 19%. Il existe d’autres TVA de 7% et 13%. La TVA va rapporter à l’Etat 12.028 Millions de dinars en 2025 et a déjà rapporté 11.252 MD en 2024 et 10.462 MD en 2023. La TVA représente 46.4% des impôts indirects et 4.2% du PIB.
Une baisse de la TVA de 2 points peut avoir des impacts positifs sur la consommation. La réduction baisse directement les prix à la consommation des biens et services assujettis à la TVA, offre un petit gain de pouvoir d’achat aux ménages, stimule la consommation privée à court terme ; mais entraîne une perte de recettes fiscales pour l’État. L’impact sur les recettes de l’Etat ne sera pas très important et ne dépassera pas les 300 millions de dinars par an. Mais cette perte sera compensée par la hausse de la consommation et de la production et par conséquent des recettes d’impôts et taxes. En effet, la consommation représente plus de 70% du PIB. L’impact sur l’inflation pourra être entre 1.5 et 2 points et on va passer d’une inflation à 5% à une inflation à 3% et donc un gain de pouvoir d’achat pour les ménages.
Ces hypothèses ne prennent pas en considération l’inflation importée, les effets du change ainsi que la politique monétaire à adopter.
En pratique la baisse de la TVA profitera pleinement aux ménages à faible revenus. Afin d’éviter un effet négatif d’une telle baisse, on peut envisager un ciblage de la baisse de la TVA. La réduction de la TVA peut concerner seulement les biens de première nécessité seulement.
Mais une telle mesure doit être accompagnée par des mesures plus drastiques au niveau des circuits de distribution et un suivi de la répercussion de cette baisse sur les prix. Certains commerçants ou producteurs peuvent ne pas répercuter la baisse au niveau des prix.
Elle doit aussi être accompagnée par des mesures de rigueur budgétaire telle que la rationalisation de certaines dépenses ou le report de certains projets pour éviter un effet brusque sur les finances publiques.
En conclusion, une telle mesure mérite une bonne réflexion, car elle a un double impact économique et social. La décision dépendra pleinement de l’équilibre à trouver entre l’urgence sociale et la soutenabilité budgétaire. L’approche doit être ciblée, temporaire et avec des mesures d’accompagnement.



















