Le paysage sportif tunisien, vibrant et passionné, particularly autour du football, est le reflet d’une culture où le sport est bien plus qu’un jeu : c’est une affaire d’État, de cœur et de communauté. Cependant, derrière les cris de joie des stades et les exploits individuels se cache une réalité complexe. La gestion des équipes sportives, souvent pointée du doigt, présente un mélange intrigant de forces héritées et de faiblesses structurelles persistantes.
Points Forts : Un Capital Humain et une Passion Inégalés
- Un Réservoir de Talents Exceptionnel : La Tunisie a toujours su produire des athlètes de haut niveau, dotés d’un talent brut, d’une forte détermination et d’une intelligence de jeu reconnue internationalement. Les centres de formation, notamment dans le football et le handball, continuent de révéler des perles rares, faisant du pays un exportateur de talents vers les championnats européens et arabes.
- Une Passion Populaire Inébranlable : Le supporter tunisien est l’un des actifs les plus précieux. Sa loyauté et sa passion, transmises de génération en génération, créent une base fanique solide. Cette ferveur assure une forme de revenus (billetterie, merchandising) et une pression positive qui peut pousser les équipes à se dépasser.
- L’Émergence d’une Professionnalisation : Sous l’impulsion de quelques clubs avant-gardistes et de certaines fédérations, une lente mais réelle professionnalisation est en cours. L’introduction de managers généraux, de directeurs sportifs et l’utilisation croissante des données (data analysis) pour le recrutement et la préparation physique sont des signes encourageants.
- Un Investissement Privé Croissant : Face aux limites des subventions publiques, l’investissement privé via le sponsoring ou la propriété de clubs devient de plus en plus crucial. Certains investisseurs apportent non seulement des capitaux mais aussi une vision managériale moderne, inspirée des modèles d’affaires internationaux.
Points Faibles : Des Freins Structurels et Managériaux
- Une Gestion Amateur dans un Environnement qui se Professionnalise : C’est le cœur du problème. La gestion de nombreux clubs reste archaïque, souvent basée sur le bénévolat, l’affectif et les considérations politiques ou électoralistes plutôt que sur une logique économique et sportive rationnelle. L’absence de véritables dirigeants professionnels formés au sport business est un frein majeur.
- Une Instabilité Chronique : L’instabilité est la règle dans la plupart des clubs. Les présidents changent fréquemment, entraînant dans leur sillage des staffs techniques entiers et des projets sportifs avortés. Cette absence de vision à long terme empêche toute construction durable et décourage les investisseurs.
- Une Dépendance Financière et une Mauvaise Gestion : Les clubs tunisiens sont structurellement déficitaires. Ils dépendent lourdement des subventions publiques, des sponsors étatiques et des droits TV, qui sont eux-mêmes souvent versés avec retard. La gestion financière est fréquemment opaque, avec un faible développement des revenus propres (billetterie, merchandising, partenariats innovants).
- L’Ingérence et la Politique : Le sport tunisien est rarement à l’abri des ingérences politiques et des luttes d’influence. Les nominations aux postes clés des fédérations et parfois des clubs sont trop souvent politisées, au détriment de la compétence et de l’expertise. Cela crée un climat malsain qui nuit à la performance pure.
- Des Infrastructures Vétustes : À de rares exceptions près, les stades et centres d’entraînement ne sont pas aux standards internationaux modernes. Cette vétusté impacte négativement la performance des athlètes, l’expérience des spectateurs et le potentiel de génération de revenus (loges, restaurants, espaces VIP).
- Vers un Modèle Hybride et Durable
La gestion des équipes sportives en Tunisie est à la croisée des chemins. Elle dispose d’atouts formidables : une matière première talentueuse et une passion populaire qui force l’admiration. Cependant, pour espérer rivaliser au plus haut niveau et assurer sa pérennité, une révolution managériale s’impose.
L’avenir réside probablement dans l’adoption d’un modèle hybride, alliant la passion locale à l’expertise managériale internationale. Cela passe par :
- La formation de dirigeants et de managers professionnels.
- La stabilisation des projets sportifs sur le long terme.
- La transparence et la diversification des modèles économiques.
- La séparation claire entre la gestion sportive et les considérations politiques.
Le défi est immense, mais la récompense – des clubs tunisiens compétitifs, bien gérés et fiers de leur identité – en vaudrait certainement la peine pour toute une nation de passionnés.
