L’accès à l’alimentation est l’un des enjeux prioritaires pour tous les pays. Mais l’accès à une alimentation saine est devenu un luxe pour certains autres pays.
Manger bien et mieux :
Malgré une diet méditerranéenne, considérée comme la meilleure au monde, une grande majorité de tunisiens n’ont pas de bonnes habitudes de consommation : on ne sait pas manger sainement.
La preuve de ce constat est simple : le taux des personnes obèses en Tunisie est passé de 18.2% en 2000 à 28.6% en 2022, soit le niveau enregistré dans certains pays développés connus par la malbouffe. La situation au niveau des jeunes est encore plus préoccupante. Selon l’UNICEF, le pourcentage d’enfants de moins de cinq ans en surpoids en Tunisie a atteint 17 %, un tiers des enfants âgés de 6 à 12 ans souffrant d’obésité, tandis que le pourcentage d’adolescents âgés de 15 à 18 ans est d’environ 10 %.
Le taux de prévalence de l’hypertension artérielle est de 34.7%, sans oublier ceux qui en sont malades mais ne le savent pas.
Selon l’OMS, les maladies non transmissibles en Tunisie sont en nette progression et représentent 82% de la mortalité, 60% de la morbidité et deux tiers des dépenses totales de santé.
Certes l’alimentation n’est pas le seul facteur de cette situation, mais elle est un facteur primordial. En effet, il existe d’autres facteurs tels que la sédentarité et le manque d’activité physique.
L’analyse oublie parfois un facteur important qui est le coût d’une alimentation saine.
Le coût de l’alimentation saine en Tunisie:
Le dernier rapport du FAO sur l’état de la sécurité alimentaire dans le monde, révèle qu’en Afrique il faut en moyenne 3.74 dollars par personne et par jour pour manger sainement. La définition de l’alimentation saine par le FAO revient au montant le plus bas auquel il est possible d’acheter localement une combinaison d’aliments permettant de couvrir les besoins nutritionnels et énergétiques d’une personne, en se basant sur un apport quotidien de 2330 kcal. L’indicateur repose sur six groupes alimentaires (féculents, fruits à coque et graines, légumes secs, huiles et graisses, fruits, produits d’origine animale).
Pour la Tunisie il nous faut 4.5 dollars / jour / personne pour pouvoir avoir accès à une alimentation saine, soit 13.950 dinars. Ce coût était de 3,476 dollars en 2017 et 3,639 dollars en 2020. L’inflation enregistrée en Tunisie durant les dernières années a eu un impact important sur l’accès à cette alimentation saine. Les prix ont nettement flambé surtout pour les fruits, les légumes et les viandes rouges.
En Afrique la Tunisie se place à la 44ème place sur 48. Le pays le moins cher est le Soudan avec 1.5 dollars / jour / personne et le pays le plus cher est l’Algérie avec 4.9 dollars / jour / personne.
Les tunisiens ont pris de mauvaises habitudes nutritionnelles surtout avec le développement de la restauration rapide et l’augmentation de la part des dépenses hors domicile.
Le même rapport indique que la part des Tunisiens n’ayant pas les moyens de s’offrir une alimentation saine est de 20,3% soit 2,4 millions de personnes.
Insécurité alimentaire et sous-alimentation :
Ce niveau important de l’accès à une alimentation saine en Tunisie entraine dans son sillage les problèmes liés à l’insécurité alimentaire et la sous-alimentation en Tunisie. L’enjeu de la sécurité alimentaire est l’un des piliers de la politique sociale du Président de la République.
Selon les données du FAO, la Tunisie compte 1,5 million de personnes souffrant d’insécurité alimentaire grave et plus de 400.000 sont en état de sous-alimentation. Pour comprendre ces chiffres on doit revenir à la définition même des concepts. En effet, selon le FAO on définit l’insécurité alimentaire comme le fait pour une personne de ne pas parvenir à se nourrir convenablement, en termes de quantité et de qualité, pour raisons financières, quant à la sous alimentation, elle est définie comme l’insuffisance quantitative de l’apport alimentaire suffisamment prolongée pour provoquer des troubles organiques ou fonctionnels.
Comment faire ?
Ces chiffres doivent être examinés avec une attention particulière, et dans le cadre d’une vision globale. L’objectif affiché du président de la République de garantir la sécurité alimentaire pour les tunisiens qui est un des piliers de la souveraineté nationale, doit être traduit par des actions sur terrains. C’est dans ce cadre qu’il est important d’orienter les efforts des organes de contrôle vers l’organisation des circuits de distribution et la lutte contre la spéculation. Il est aussi primordial de travailler sur la réduction du gaspillage alimentaire que ce soit par les lois ou la sensibilisation. La Tunisie doit aussi être proactive et faire face aux fluctuations des cours des denrées alimentaires.
ABOU FARAH
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