Le Président de la République, l’a bien précisé à plusieurs reprises : nous devons compter sur nos propres moyens, et garantir la souveraineté de notre décision. C’est dans ce cadre que les négociations avec le FMI ont été arrêtées et que le budget 2025 n’a pas précisé les sources du financement extérieur. Le budget 2025 prévoit des financements qui s’élèvent 28 milliards de Dinars contre 28.2 en 2024 et 21.9 MDT en 2023. Les dettes extérieures prévues s’élèvent à 6.1 Milliards de dinars alors que les dettes intérieures s’élèvent à 21.9 Milliards de dinars. Le cap est déjà tracé depuis des mois : l’Etat se financera plus sur le marché local.
Cette tendance se confirme déjà au 1er trimestre 2025, mais le rythme semble très accéléré. En effet, le recours de l’État au crédit bancaire durant le 1er trimestre 2025 a augmenté d’une manière spectaculaire avec une croissance de 37.5% en glissement annuel, contre une croissance de 15.4% en 2024 et 14.5% en 2023. De l’autre côté la hausse des crédits octroyés par les banques à l’économie ont augmenté de 3.2% au premier trimestre 2025, contre une croissance de 7.3% en 2023.
Selon la Banque Centrale, les crédits octroyés à l’Etat représentaient au premier trimestre 2025, 17.3% du total des actifs des banques, contre 13.7% en 2023, et 9.7% en 2020.
La hausse de ces crédits au premier trimestre revient en grande partie au remboursement par l’Etat de 3.2 milliards de dinars, soit 1 milliard de dollars, relatifs au prêt émis sur le marché obligataire au mois de Janvier 2015.
Il est utile de rappeler à ce niveau que l’encours de la dette publique a atteint 135 Milliards de dinars en 2024, soit 81% du PIB, contre seulement 43% en 2010.
Selon le rapport de l’ITCEQ de 2024, la dette par habitant est passée de 2.43milles D en 2010 à 10.3milles D en 2023, soit un taux d’accroissement global de l’ordre de 330%.
Depuis des années l’Etat tunisien emprunte auprès des banques en monnaie locale et en devise. Au mois de Mai 2024, l’Etat a obtenu un crédit syndiqué en devises de 16 institutions bancaires locales pour un montant de 156 millions d’euros et 16 millions de dollars, soit un total de 570 Millions de dinars. Le crédit a été jugé favorable par le ministère des finances en termes de taux et de durée.
Sur un autre plan, la loi des finances 2025, a déjà prévu des crédits de 7 milliards de dinars auprès de la Banque Centrale. Une option, il y a quelques années, elle devient aujourd’hui la règle.
La dette intérieure a atteint des niveaux importants en 2024, et a représenté53,8% de l’ensemble de l’encours de la dette, alors que la dette extérieure a constitué 46,2% de la dette publique.
La stratégie adoptée par l’Etat en comptant en grande partie sur l’emprunt intérieur semble porter ses fruits pour combler les déficits publics. Elle répond aussi à l’objectif fixé par le président de la république de préserver notre souveraineté nationale. Mais le revers de la médaille est tout autre. Ce recours massif aux banques locales aura un impact sur la liquidité nécessaire pour le financement de l’investissement. Cette surexposition des banques à l’Etat fragilise leurs situations, vu que la Tunisie n’arrive pas à réaliser des niveaux de croissance important. Ceci émet des doutes sur la solvabilité de l’Etat dans certains cas.
Cette situation ne peut être évitée que par un développement massif et rapide des projets de partenariat public-privé afin d’encourager l’investissement privé, et réduire les besoins en financement de l’Etat.
abou farah