L’investissement est l’un des principaux moteurs de croissance sur lequel doit compter la Tunisie pour espérer à une relance économique. A cause du flou et de l’incertitude économique plusieurs opérateurs économiques sont frileux à investir. En effet, les changements perpétuels dans les législations dont la dernière en date est la loi votée hier sur le travail et la sous-traitance, le manque de vision économique sur le moyen et le long terme, et l’ambiance de morosité qui s’installe au niveau des ménages, sont autant d’éléments qui découragent à investir.
Et pourtant, les opérateurs économiques en Tunisie ont investi 26145 Millions de dinars en 2024 contre 23695 Millions de dinars en 2023. La formation brute de capital fixe à prix courants dans le secteur des services (non administratif) détient encore une fois le pôle position avec 11406 Millions de dinars soit 43.6% du total de l’investissement, dont 1200 MD dans le secteur commercial et 1820 MD dans le secteur des transports.
En deuxième position on retrouve le secteur industriel qui totalise plus de 8838 MD soit 33.8% du total de l’investissement. Le sous secteur du pétrole et du gaz cumule à lui seul plus de 2770 MD, suivi par le secteur de l’électricité et de l’eau avec 2020 MD.
Malgré son importance au niveau de la sécurité alimentaire, et son rôle dans le développement des exportations, le secteur de l’agriculture et de la pêche n’a enregistré que 1310 MD de formation brute en capital fixe au prix courant en 2024. Un niveau faible puisque le secteur n’est pas très capitalistique et compte surtout sur les conditions climatiques et la pluviométrie.
Le secteur des hôtels, café et restaurant n’a enregistré que 390 MD en 2024, ce qui est dans la moyenne des années précédentes.
La Tunisie détient aujourd’hui le taux d’investissement le plus faible, et qui est passé à moins de 15%, contre 28% en Turquie et 27% au Maroc. La part de l’investissement privé n’a pas dépassé les 55% du total des investissements soit moins de 8% du PIB.
Outre son niveau, l’investissement en Tunisie soulève plusieurs remarques concernant sa qualité. Le secteur des services prend beaucoup d’ampleur dans le schéma global d’investissement, ce qui dénote d’une marche vers la désindustrialisation de l’économie.
L’Etat, et sous la pression des problèmes de finances publiques n’investit pas assez, malgré les bonnes intentions qu’elle affiche au niveau de chaque budget. Le niveau de décaissement des investissements demeure très faible.
L’Etat, et en plein élaboration du plan de développement 2026-2030 et le budget 2026 doit travailler encore plus sur les incitations fiscales, qui selon les comptes du ministère des finances n’ont pas dépassé le 150 millions de dinars en 2022.
Abou Farah