Tunis, mai 2025 – Alors que le pays traverse une période de fragilité économique prolongée, des indicateurs macroéconomiques récents laissent entrevoir une éclaircie. Une pluviométrie exceptionnelle, la reprise dynamique des transferts des Tunisiens résidant à l’étranger (TRE), une saison touristique prometteuse et la conjoncture favorable du marché pétrolier et du dollar ouvrent la voie à un second semestre 2025 porteur d’espoir. Tour d’horizon de ces signaux encourageants.
Une pluviométrie abondante qui relance l’agriculture
Après deux années de sécheresse ayant affecté la production céréalière et les exportations agroalimentaires, la campagne agricole 2024-2025 est marquée par une pluviométrie supérieure de 30 % à la moyenne décennale, selon l’Institut national de météorologie (INM). Cette embellie devrait entraîner une hausse de plus de 40 % de la production de blé dur, qui reste un pilier de l’agriculture tunisienne.
La culture maraîchère, les oliviers et les fourrages profitent également de ce retour à des conditions climatiques normales. Le ministère de l’Agriculture anticipe un doublement des exportations d’huile d’olive en 2025, ce qui pourrait générer près de 3 milliards de dinars de recettes en devises, contre 1,5 milliard en 2024.
Les transferts des TRE atteignent un sommet historique
Autre indicateur au vert : les transferts des Tunisiens résidant à l’étranger. Selon les derniers chiffres de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), les TRE ont transféré plus de 5,2 milliards de dinars durant les quatre premiers mois de 2025, en progression de 17,8 % par rapport à la même période de 2024. Cette manne reste une source cruciale de devises pour le pays, dépassant les recettes touristiques depuis plusieurs années.
Cette dynamique s’explique par une conjoncture migratoire stable, des revenus en hausse dans les pays d’accueil (notamment en Europe) et le renforcement des incitations fiscales pour les investissements des TRE dans les projets locaux.
Tourisme : une saison estivale qui s’annonce florissante
Les professionnels du secteur se frottent les mains. Après un redémarrage en 2023, le tourisme tunisien confirme son redressement : au 30 avril 2025, le pays a accueilli 2,3 millions de visiteurs, en hausse de 21 % par rapport à 2024. Les marchés algérien, français et russe tirent cette croissance.
Le ministère du Tourisme table sur un objectif de 10 millions de touristes d’ici fin 2025, ce qui pourrait rapporter plus de 7,5 milliards de dinars de recettes. Le retour en force du tourisme balnéaire, couplé à l’émergence de niches alternatives (écotourisme, désert, patrimoine), participe à cette dynamique.
Un contexte international favorable : pétrole bas, dollar faible
La Tunisie pourrait également tirer profit d’un facteur exogène : la baisse conjoncturelle des cours du pétrole et du dollar américain. Le baril de Brent, budgétisé à 70 dollars dans la loi de finances 2025, oscille actuellement entre 60 et 64 dollars. Une économie nette de plus de 800 millions de dinars pourrait être réalisée si cette tendance se maintient jusqu’à fin 2025, selon le ministère des Finances.
Parallèlement, le recul du dollar face à l’euro et aux devises de pays partenaires allège le fardeau des importations en énergie, matières premières et médicaments, réduisant la pression sur la balance commerciale et la facture énergétique du pays.
Une opportunité à saisir pour consolider la reprise
Ces signaux, bien que conjoncturels, pourraient marquer le début d’un redressement économique plus structuré si les politiques de soutien à la production, à l’investissement et à la consommation sont adaptées. La croissance, estimée à 1,6 % en 2024, pourrait atteindre les 2,8 à 3 % en 2025 si la tendance se confirme, selon les projections du FMI.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement, appelé à transformer cette fenêtre d’opportunité en levier de relance durable. Cela passe notamment par la simplification des procédures fiscales, l’amélioration du climat des affaires, et la promotion des exportations agricoles et touristiques.
Dans un contexte mondial incertain, la Tunisie bénéficie pour une fois d’une conjonction rare de facteurs favorables. Encore faut-il savoir les exploiter au bon moment.