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Impact du futur programme politique de Donald Trump sur la Tunisie

Donald Trump, candidat à l’élection présidentielle américaine de 2024, a toujours adopté une politique étrangère axée sur les intérêts américains immédiats, avec une approche transactionnelle et unilatérale. Si Trump revenait au pouvoir en 2025, son programme, centré sur le principe « America First », aurait des répercussions directes et indirectes sur la Tunisie. Bien que la Tunisie ne soit pas une priorité stratégique pour les États-Unis, son statut de démocratie naissante dans une région instable la place dans un contexte complexe face aux évolutions géopolitiques.

Voici une analyse des impacts potentiels de son programme et des recommandations pour la Tunisie afin de s’y adapter.

 

Analyse des impacts potentiels du programme de Donald Trump sur la Tunisie

  1. Marginalisation de la Tunisie dans les priorités américaines

L’administration Trump a historiquement ignoré les transitions démocratiques en faveur de relations avec des régimes stables ou stratégiques. En Tunisie, cela pourrait se traduire par :

  • Une réduction des aides financières destinées à soutenir les réformes économiques et la société civile.
  • Un retrait symbolique de l’intérêt américain pour le processus démocratique tunisien, rendant le pays plus vulnérable aux pressions des puissances régionales comme la Turquie, les Émirats arabes unis ou la Russie.
  1. Répercussions économiques

Trump pourrait rétablir une politique économique protectionniste, ce qui affecterait indirectement la Tunisie :

  • Réduction des investissements étrangers : Les entreprises américaines pourraient privilégier les marchés stratégiques ou leur marché intérieur.
  • Concurrence accrue sur les marchés mondiaux : Les politiques commerciales de Trump pourraient complexifier les exportations tunisiennes, notamment vers les pays européens.
  1. Lutte contre le terrorisme

La coopération sécuritaire entre les États-Unis et la Tunisie pourrait se poursuivre, mais de manière strictement conditionnée aux intérêts américains. L’approche de Trump pourrait privilégier :

  • Une intensification de l’aide militaire et logistique.
  • Une négligence des dimensions sociales et économiques de la lutte contre le terrorisme, laissant de côté les causes profondes de l’instabilité.
  1. Réalignement des alliances régionales

Le soutien inconditionnel de Trump à Israël et aux régimes du Golfe pourrait exacerber les tensions dans la région, ce qui aurait des répercussions indirectes sur la Tunisie :

  • Tensions sociales internes : La reconnaissance renforcée d’Israël ou la normalisation avec d’autres pays arabes pourrait être mal perçue par l’opinion publique tunisienne.
  • Division des priorités régionales : La Tunisie pourrait être marginalisée face à des alliances régionales de plus en plus polarisées.
  1. Migration et contrôle des frontières

Trump pourrait imposer davantage de pressions sur les pays partenaires pour gérer les flux migratoires. Cela inclurait :

  • Une coopération conditionnée au renforcement des contrôles migratoires.
  • Des restrictions potentielles sur les financements destinés aux projets de développement liés à la migration.

 

la Tunisie : Son destin entre ses mains

  1. Diversifier les partenariats internationaux

La Tunisie doit réduire sa dépendance vis-à-vis des États-Unis et renforcer ses relations avec d’autres partenaires :

  • Renforcer les liens avec l’Union européenne pour bénéficier d’un appui économique et démocratique stable.
  • Développer des relations avec la Chine et la Russie, tout en maintenant un équilibre géopolitique prudent.
  • Renforcer les échanges avec les pays africains pour s’intégrer dans des dynamiques régionales économiques plus autonomes.
  1. Maintenir un dialogue stratégique avec les États-Unis

Bien que Trump puisse réduire son intérêt pour la Tunisie, des opportunités existent pour préserver des relations :

  • Mettre en avant la lutte contre le terrorisme pour souligner l’importance de la Tunisie en tant qu’allié sécuritaire régional.
  • Mobiliser les relations avec le Congrès américain, où des élus modérés pourraient défendre les programmes d’aide à la Tunisie.
  1. Renforcer la résilience économique

La Tunisie doit adopter des réformes structurelles pour limiter les impacts d’un éventuel retrait des soutiens financiers américains :

  • Créer un climat attractif pour les investissements étrangers en luttant contre la corruption et en stabilisant le cadre réglementaire.
  • Promouvoir les industries exportatrices comme l’agriculture bio et les technologies, pour diversifier les sources de revenus.
  1. Proposer une approche proactive sur la question migratoire

La Tunisie peut utiliser la pression migratoire comme levier pour négocier des soutiens internationaux :

  • Développer une politique migratoire claire et cohérente, en partenariat avec l’UE et d’autres acteurs internationaux.
  • Profiter des financements pour les projets liés à la gestion des migrations et au développement local.
  1. Adopter une position diplomatique équilibrée

Dans un contexte de polarisation régionale, la Tunisie doit :

  • Maintenir une neutralité diplomatique entre les puissances régionales, notamment les pays du Golfe.
  • Promouvoir son rôle de médiateur régional, en accueillant des dialogues et en renforçant son image de stabilité.
  1. Soutenir la société civile et les réformes démocratiques

Pour pallier le désintérêt éventuel des États-Unis pour les questions démocratiques :

  • Renforcer les partenariats avec les institutions européennes et internationales pour continuer à financer les initiatives locales.
  • Accélérer les réformes institutionnelles pour assurer une meilleure gouvernance et renforcer la confiance des citoyens.

 

Un éventuel second mandat de Donald Trump pourrait accentuer les défis auxquels la Tunisie est confrontée, en réduisant l’intérêt américain pour sa transition démocratique et en imposant une pression accrue sur des questions telles que la migration et la sécurité. Toutefois, en diversifiant ses alliances, en consolidant son économie et en maintenant un dialogue stratégique, la Tunisie peut atténuer ces impacts. Le pays devra adopter une stratégie proactive pour protéger ses intérêts dans un contexte international de plus en plus imprévisible.

SR

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