Après une année 2018 catastrophique, les crypto-monnaies retrouvent des couleurs depuis avril. Pour certains, le combat entre les deux géants explique ce rebond.
La guerre commerciale que se livre les Etats-Unis et la Chine depuis des semaines serait-elle à l’origine de la nouvelle flambée du bitcoin ? C’est ce que pensent un certain nombre d’analystes financiers et de spécialistes du sujet. De fait, la crypto-monnaie qui stagnait depuis plusieurs mois entre 3500 et 4000 dollars a vu son cours quasiment doubler depuis début avril. Les autres principales monnaies virtuelles (Ethereum, Ripple, Bitcoin Cash, Litecoin…) ont elles aussi, dans une moindre mesure, vu leur valeur s’envoler pour le plus grand bonheur des « crypto-épargnants », qui faisaient grise mine après l’explosion de la bulle début 2018. Pour mémoire, le Bitcoin avait frôlé les 20 000 dollars à la mi-décembre 2017 avant d’entamer une longue et terrible chute, entraînant avec elles toutes les autres monnaies virtuelles.
Le lien entre le rebond du bitcoin et la guerre commerciale sino américaine ? « Le marché des actions et celui des matières premières reculent en prévision d’une baisse de la demande mondiale sur fond de conflit entre les deux superpuissances, alors les investisseurs se précipitent sur des valeurs refuges, tel que l’or, le dollar et les crypto-monnaies », avance Réda Aboutika, analyste marchés senior chez XTB France. Selon lui, la possibilité d’une dévaluation du yuan par Pékin afin de rendre les exportations chinoises plus compétitives et compenser ainsi la hausse des droits de douanes américains aurait poussé nombre d’épargnants de l’empire du Milieu à convertir une partie de leurs économies en Bitcoin pour ne pas voir fondre la valeur de leur bas de laine.
Autre élément expliquant le rebond des monnaies virtuelles, ces dernières permettent de réaliser des transactions de manière totalement anonyme. Ce qui permettrait à certaines entreprises chinoises de s’affranchir des droits de douanes américains. « C’est un mouvement qui a déjà été observé en Iran, où certaines entreprises se servent du Bitcoin pour continuer à commercer avec des sociétés étrangères, sans crainte pour ces dernières d’être rattrapé par la justice américaine », poursuit Réda Aboutika.
« Ce qui est sûr, c’est que les plus fortes hausses correspondent aux heures d’ouverture du marché chinois », analyse Manuel Valente, le directeur de la recherche de Coinhouse (anciennement Maison du Bitcoin). Pour ce dernier, néanmoins, la guerre commerciale n’est pas la seule explication à ce nouveau printemps des crypto-monnaies.
L’arrivée des fonds participe au renouveau
« Les fonds d’investissements, attirés par les fortes progressions de ces dernières semaines, commencent à investir sur le marché, ce qui participe à faire grimper les cours ». Des fonds qui arrivent par le biais de produits dérivés. « Grayscale, une entreprise américaine, propose notamment ce genre de produits, dont elle garantit la valeur en conservant dans ses coffres-forts numériques l’équivalent en Bitcoin », explique Manuel Valente. Si les acteurs institutionnels sont de plus en plus nombreux à oser se lancer, malgré les scandales récurrents de hold-up numériques que subissent les plateformes d’échanges de monnaies virtuelles, c’est que le prochain halving se rapproche à grands pas.
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Le halving ? « Aujourd’hui, 12,5 Bitcoin sont créés toutes les dix minutes, or ce ratio est divisé par deux tous les quatre ans, voilà ce qu’on appelle le halving, et le prochain aura lieu en mai 2020 ». Une raréfaction de la monnaie virtuelle qui devrait faire grimper le cours de la reine des crypto-monnaies, comme cela avait déjà été le cas en juillet 2016, alors que son cours végétait autour des 300 dollars. Les monnaies 2.0 seraient-elles à l’aube d’une nouvelle folie spéculative ? Il est encore trop tôt pour le dire. Seule certitude, si Nabilla tweete à nouveau sur le sujet, c’est que le moment de vendre est venu. En 2018, le marché s’était en effet effondré juste après ses gazouillis sur le sujet : les spécialistes parlent désormais de l’indice Nabilla.
l’expresse