Le crédit bancaire est en Tunisie la principale source de financement pour les entreprises, les ménages et depuis quelques années pour l’Etat aussi. On assiste depuis des années à un resserrement des crédits au profit des ménages et des entreprises, contre une hausse croissante de l’encours des crédits à l’Etat. La Banque Centrale, à travers son bulletin des statistiques financières qu’elle vient de publier, confirme une tendance enregistrée depuis des années au ralentissement des crédits aux particuliers.
Selon ce bulletin, l’encours des crédits octroyés par les banques aux particuliers a atteint le niveau de 29298 Millions de dinars au mois de décembre 2024, contre 28729 Millions de dinars au mois de Décembre 2023, soit une croissance de 1.9%. On constate à ce niveau une nette décélération de la croissance de cet encours puisqu’il était de 2.6% sur la période 2022-2023 et 4.8% sur la période 2021-2022, et atteignait même une moyenne de 8% sur la période 2005-2010.
Selon le rapport annuel de la Banque Centrale pour 2023, les crédits dispensés aux particuliers, ont enregistré une décélération, totalisant +622 millions de dinars contre +864 millions de dinars une année auparavant.
Le concours des banques à l’économie en 2023 a enregistré une décélération importante qui a touché les professionnels (-6.2%) et les particuliers (-2.2%).
L’encours des crédits pour l’acquisition ou la construction d’un logement totalisent 12911 Millions de dinars en 2024, soit 44% du total de l’endettement des ménages envers les banques.
L’encours des crédits octroyés pour l’aménagement d’un logement est de 10955 Millions de dinars, et celui pour l’acquisition d’une voiture est de 406 Millions de dinars.
Les petits crédits de secours, ou ce qu’on appelle dans le jargon bancaire de crédit à la consommation, totalisent 5010 Millions de dinars soit 17.1% du total de l’encours des crédits.
Avec la hausse constante de l’inflation, la stagnation des revenus, le pouvoir d’achat des tunisiens subit un choc frontal. Les réticences des banques envers l’octroi de crédits aux ménages, et le durcissement des conditions de crédits, ainsi que la baisse de la liquidité sont des éléments qui ont contribué à la baisse drastique de l’encours des crédits aux particuliers. S’ajoutent à ce constat, la baisse de la capacité des ménages tunisiens à s’endetter, et la hausse des coûts de l’argent avec le maintien du TMM à des niveaux élevés. La classe moyenne s’effrite, et la consommation privée ralentit ce qui impacte considérablement la croissance.
L’endettement des ménages tunisiens est très important, avec plus de 850.000 ménages qui ont au moins un crédit bancaire en cours de règlement.
ABOU farah