L’INS vient de publier les chiffres de la croissance économique au premier trimestre 2025. La lecture de ces chiffres est mitigée et soulève beaucoup de remarques et constats.
En effet, le PIB de la Tunisie a augmenté en variation annuelle de 1.6%, c’est-à-dire en comparant le 1er trimestre 2025 au 1er trimestre 2024, mais a reculé en variation trimestrielle, c’est-à-dire entre le 4ème trimestre 2024 et le premier trimestre 2025, de 0.2%.
En termes chiffrées les opérateurs économiques tunisiens ont créé une valeur ajoutée de l’ordre de 23.8 Milliards de dinars au premier trimestre 2024 alors qu’au premier trimestre 2025, ils ont créé 24.2 milliards de dinars.
Il est aussi important que c’est la première fois depuis le troisième trimestre 2023, que la Tunisie enregistre un résultat négatif en variation trimestrielle. Malgré que les résultats enregistrés durant ces périodes n’ont pas atteint 1%.
La croissance économique, est encore une fois tirée par le secteur agricole qui enregistre une croissance de 7% au premier trimestre en variation annuelle et de 2.8% en variation trimestrielle.
Le secteur de la construction y contribue aussi avec une croissance de 3.3% en variation annuelle et 4.5% en variation trimestrielle.
En termes concrets, sur les 27 rubriques qui composent le PIB de la Tunisie, 17 ont enregistré un résultat négatif durant le premier trimestre 2025. La plus grande baisse est enregistrée au niveau du raffinage du pétrole (-79.7%), l’extraction du pétrole (-6.1%), l’extraction des produits miniers (- 7.2%), l’Industrie mécanique et électrique (-5.6%) et l’activité de l’assurance et des finances (-4.3%).
La demande intérieure continue à tirer la croissance du PIB avec une hausse de 3.7% en variation annuelle, mais une baisse de -1.5% en variation trimestrielle. De son côté le solde des échanges commerciaux a contribué négativement à la croissance de 2.4%, poussé par une croissance des importations supérieure à la croissance des exportations.
A la lumière de ces résultats, et sans entrer dans les détails des secteurs, il s’avère que la croissance économique en Tunisie est tributaire du ciel du bon dieu. En effet, la nette amélioration du secteur agricole est poussée principalement par une bonne pluviométrie. Les précipitations des derniers mois ont contribué à l’amélioration de la production agricole.
Les agrégats de toute économie n’ont pas contribué directement à la croissance économique avec surtout la chute vertigineuse des industries mécaniques et électriques sous l’effet de la crise du secteur automobile dans le monde, et surtout la baisse importante des exportations et le creusement du déficit commercial. En effet, le déficit aux prix courants s’est creusé de 54%, passant de 4734,8 MD à fin avril 2024 à 7294,1 MD à la même date en 2025. Le taux de couverture des importations par les exportations s’est établi à 74%, contre 81,8% un an plus tôt.
En analysant les chiffres de la croissance trimestrielle du PIB, nous pouvons affirmer que nous marchons comme une tortue. Depuis le 3ème trimestre 2023, ou nous avons enregistré une croissance nulle, on n’a jamais dépassé 0.8% en variation trimestrielle. Ce retour à un résultat négatif de -0.2% au cours du 1er trimestre 2025 peut nous ramener à la période post-covid.
Restons optimiste comme l’a signalé la Banque Mondiale récemment. En effet, selon le dernier Bulletin de mise à jour économique de la Banque mondiale pour la Tunisie, l’économie tunisienne devrait enregistrer une croissance de 1,9 % en 2025, contre 1,4 % en 2024, portée par de meilleures précipitations et une stabilisation progressive dans les secteurs clés. Si le secteur manufacturier reste confronté à des difficultés, la résilience du tourisme et de l’agriculture soutient la reprise.
Une analyse plus objective de la croissance du PIB de la Tunisie et ces perspectives, nous laisse affirmer que cette croissance est très fragile puisqu’elle est tributaire de facteurs cycliques et très volatiles tel que le tourisme et la pluviométrie.
La Tunisie, en plein préparation de son plan de développement 2026-2030 doit penser sérieusement à un modèle de développement basé sur le savoir, source inépuisable et disponible.
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