Tunis, 13 mai 2025 – À l’ouverture de la Conférence Annuelle de la Fédération Arabe des Marchés de Capitaux (AFCM), qui se tient les 13 et 14 mai à Tunis, le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Fethi Zouhair Nouri, a dressé un constat sans appel : la participation des ménages tunisiens au marché financier reste dramatiquement faible.
Selon Nouri, cela s’explique en grande partie par la faiblesse des actifs financiers nets des ménages, estimés à seulement 1 750 euros en 2022. Un chiffre jugé inquiétant, surtout lorsqu’on le compare à la moyenne des pays arabes. « Ce niveau modeste ne permet pas d’enclencher un véritable cercle vertueux d’investissement local et de dynamisation du marché des capitaux », a-t-il alerté.
🧠 Éducation financière et produits simples : un duo indispensable
Pour inverser cette tendance, le gouverneur de la BCT appelle à une stratégie intégrée, impliquant à la fois l’État, les régulateurs, les banques et le système éducatif. Objectif : favoriser une inclusion financière active et structurée. Il recommande :
- Une éducation financière rigoureuse dès l’école,
- Des produits d’investissement simples, attractifs et sûrs,
- Des avantages fiscaux et législatifs incitatifs pour encourager les ménages à investir.
🏛️ Réformes de fond pour un marché plus inclusif
Au-delà de la question de la participation individuelle, Fethi Zouhair Nouri souligne que le cadre juridique et institutionnel des marchés financiers tunisiens reste inadapté. Il plaide pour :
- Une réforme de la gouvernance des marchés financiers,
- Le renforcement de l’indépendance des autorités de régulation,
- Une meilleure transparence et un élargissement de la base des investisseurs,
- La mobilisation des caisses de retraite et des compagnies d’assurance, encore trop absentes des marchés,
- La facilitation de l’accès des investisseurs étrangers, souvent freinés par des barrières réglementaires.
🌍 Vers une intégration régionale renforcée
Enfin, le gouverneur insiste sur l’importance de la régionalisation : la Tunisie, dit-il, doit œuvrer à lier ses marchés financiers à ceux de l’Afrique et du monde arabe, via l’Union des Autorités Arabes de Valeurs Mobilières, tout en stimulant le développement d’obligations publiques et privées.
L’intervention de Fethi Zouhair Nouri révèle un paradoxe tunisien : une épargne nationale encore marginalisée, un marché des capitaux sous-exploité, et un potentiel inexploité pour soutenir le financement de l’économie réelle. Les pistes évoquées sont connues, mais leur mise en œuvre nécessite une volonté politique ferme et un consensus entre les acteurs publics et privés.