Avec la nomination de Sofiene Tekaya à la tête du ministère du Tourisme et de l’Artisanat en août 2024, le secteur touristique tunisien retrouve une nouvelle dynamique. Entre relance économique, structuration du tourisme alternatif et conquête de nouveaux marchés, l’année 2025 s’annonce stratégique.
Par L’Expert Journal – 9 mai 2025
Un profil technique au service d’un ministère en mutation
Sofiene Tekaya, ingénieur industriel diplômé de l’École polytechnique de Montréal, a été nommé ministre du Tourisme et de l’Artisanat le 25 août 2024. Loin des circuits diplomatiques, son parcours est ancré dans les domaines du commerce, de l’artisanat et de la normalisation :
Ancien directeur général de l’Office national de l’artisanat (2011–2014),
Directeur de GS1 Tunisia, organisme de codification (2014–2019),
Conseiller au ministère du Commerce, spécialisé dans la digitalisation (2020–2022),
Chargé de mission à l’ONA jusqu’à sa nomination.
Sa feuille de route est claire : relancer durablement le secteur, tout en diversifiant l’offre touristique tunisienne au-delà du balnéaire classique.
Des indicateurs économiques en nette amélioration
Le premier trimestre 2025 affiche des résultats encourageants :
2,4 millions de visiteurs enregistrés à fin mars 2025 (+29 % par rapport à 2024),
Recettes touristiques dépassant 1,4 milliard de dinars, selon la BCT,
Hausse marquée des marchés algérien, français et italien,
Retour des touristes tchèques et britanniques, ainsi que l’intérêt grandissant du marché chinois.
Les destinations les plus fréquentées restent Hammamet, Djerba, Mahdia, et Sousse, mais le sud tunisien (Tozeur, Douz, Tataouine) progresse grâce au tourisme saharien et culturel.
Lancement d’une campagne de reconquête : « Vivez l’instant T, vivez l’instant Tunisie »
Début mars 2025, le ministère a lancé une campagne promotionnelle audacieuse à destination des marchés européens. L’objectif : moderniser l’image de la destination Tunisie, en misant sur l’émotion, l’expérience et la durabilité.
Affichée dans les métros parisiens, les aéroports italiens et les plateformes numériques, la campagne s’appuie sur des visuels immersifs mettant en valeur la culture, l’artisanat, le désert et les traditions culinaires.
Structuration du tourisme alternatif : bientôt des cahiers des charges officiels
Le ministère a finalisé les projets de cahiers des charges relatifs à plusieurs formes d’hébergement et de tourisme alternatif :
Campings touristiques réglementés,
Résidences rurales,
Maisons d’hôtes familiales,
Circuits culturels et de randonnée.
L’objectif : formaliser un secteur en plein essor, lui donner accès à des financements, et garantir un minimum de qualité et de sécurité pour les visiteurs.
« Le tourisme alternatif n’est plus une niche. C’est un axe stratégique de notre politique sectorielle », a déclaré Tekaya lors d’une conférence de presse à Tozeur.
Nouveaux marchés et liaisons aériennes : la Tunisie élargit son horizon
Parmi les initiatives les plus marquantes :
Ouverture imminente d’une liaison aérienne Tunis–Bagdad, marquant un tournant dans l’ouverture vers le Moyen-Orient,
Discussions avancées avec des tour-opérateurs espagnols et tchèques pour intégrer la Tunisie dans leurs catalogues 2025–2026,
Renforcement des partenariats avec la Chine via des circuits culturels et éducatifs.
Ces efforts s’accompagnent d’un soutien à la digitalisation des agences de voyage et d’un programme de certification pour les guides locaux.
Les défis à ne pas négliger
Malgré ces signaux positifs, le secteur reste confronté à plusieurs défis :
Manque de formation dans les régions de l’intérieur,
Qualité de service variable selon les établissements,
Infrastructures de transport à moderniser, notamment pour les zones rurales,
Adaptation au changement climatique, avec des vagues de chaleur plus précoces qui pourraient déséquilibrer les flux touristiques.
Conclusion : un secteur qui change d’ère
La stratégie mise en place par Sofiene Tekaya rompt avec une approche exclusivement balnéaire et ouvre de nouvelles perspectives durables, intelligentes et régionales. 2025 s’annonce comme une année pivot : soit la Tunisie consolide cette relance sur des bases solides, soit elle subit une nouvelle stagnation faute de coordination, de professionnalisation et d’investissement.