Alors qu’un projet de loi portant sur la réforme du système financier tunisien est en cours de préparation, des voix s’élèvent pour alerter sur une éventuelle mise à l’écart des experts-comptables, pourtant indispensables à la réussite de cette réforme.
La Tunisie s’apprête à revoir en profondeur ses mécanismes de contrôle, de régulation et de transparence financière. Cette initiative, saluée comme une étape cruciale pour la modernisation de l’économie, pourrait néanmoins comporter une lacune de taille : l’absence, dans les textes préliminaires, d’une reconnaissance explicite du rôle des experts-comptables et comptables agréés. Une omission qui inquiète la profession et alimente un débat croissant dans les cercles économiques.
Des compétences incontournables à la croisée des réformes
Les experts-comptables sont bien plus que des techniciens de la comptabilité. Ils sont des acteurs de terrain, dotés d’une fine compréhension des rouages de l’économie réelle, de la fiscalité, du financement des entreprises, de la conformité réglementaire, et des enjeux de gouvernance. Leur exclusion – même indirecte – du cadre légal de la réforme poserait de sérieux problèmes de cohérence et d’efficacité.
Un projet de loi qui sème le doute
Selon plusieurs sources proches du dossier, les premières moutures du texte en préparation ne font pas mention explicite de la participation des ordres professionnels des comptables et experts-comptables dans les futures instances de régulation ou de concertation. Cette omission n’est pas encore actée, mais elle suscite une inquiétude légitime. Car une telle exclusion aurait pour conséquence de reléguer au second plan ceux qui sont pourtant les garants de la traçabilité financière, du respect des normes internationales (IFRS, Bâle III), et de l’intégrité des pratiques comptables.
Un signal politique et économique préoccupant
Alors que la Tunisie cherche à regagner la confiance des investisseurs et à améliorer son classement dans les indices de gouvernance, affaiblir la place des professionnels du chiffre serait un contresens stratégique. L’intégration formelle des experts-comptables dans les dispositifs de régulation et d’accompagnement des réformes est un gage de sérieux, de transparence et d’alignement sur les standards internationaux.
L’appel à la vigilance et à la concertation
Les représentants de la profession appellent aujourd’hui à un dialogue ouvert avec les autorités concernées, notamment le ministère des Finances et les commissions parlementaires. Il ne s’agit pas de revendiquer des privilèges, mais de rappeler une vérité simple : sans expertise comptable, il ne peut y avoir de réforme financière efficace.
La Tunisie a besoin de toutes ses forces vives pour réussir sa transition économique. Ignorer les experts-comptables dans les textes législatifs à venir serait non seulement une erreur de fond, mais aussi une faute politique. Il est encore temps de corriger le tir et d’assurer une pleine participation de ces professionnels aux chantiers de demain.