Dans une initiative perçue comme un défi au système judiciaire international actuel, la Russie a proposé la création d’une cour pénale internationale alternative sous l’égide des BRICS. Cette proposition, formulée lors d’une récente réunion des ministres des Affaires étrangères du groupe à Nijni Novgorod, vise à contester ce que Moscou qualifie de « partialité occidentale » de la Cour pénale internationale (CPI).
Contexte de la proposition
Cette initiative intervient après que la CPI a émis, en 2023, un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine pour crimes de guerre présumés en Ukraine. La Russie a rejeté cette décision, la qualifiant de « politisée » et d’« illégale », accusant la CPI de servir les intérêts géopolitiques de l’Occident.
Depuis, Moscou cherche à renforcer la coopération avec les membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, ainsi que les nouveaux membres comme l’Iran, les Émirats arabes unis et l’Égypte) pour établir des mécanismes judiciaires alternatifs, reflétant un monde multipolaire échappant à l’hégémonie occidentale.
Détails de la proposition russe
Selon Moscou, cette nouvelle cour se concentrerait sur :
Juger les crimes de guerre et d’agression commis par les pays occidentaux, comme les interventions en Irak, en Syrie et en Libye.
Garantir la neutralité de la justice internationale, sans favoritisme envers une puissance en particulier.
Renforcer la souveraineté des États, en empêchant les poursuites motivées politiquement contre leurs dirigeants.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré : « Le système actuel est un outil de pression politique. Nous avons besoin d’une justice équitable, reflétant la diversité du monde. »
Réactions internationales
L’Occident : Les États-Unis et l’Union européenne ont critiqué la proposition, y voyant une tentative d’affaiblir la légitimité de la CPI.
Les BRICS : La Chine et l’Afrique du Sud ont exprimé un soutien préliminaire, tandis que l’Inde et le Brésil ont adopté une position plus prudente, craignant des répercussions sur leurs relations avec l’Occident.
Experts juridiques : Doutent de l’efficacité d’une telle cour, soulignant que son manque de reconnaissance par l’Occident limiterait son impact.
Quelles chances de succès ?
Les observateurs estiment que la faisabilité de cette cour dépendra :
De l’unité des BRICS, dont les membres ont des positions divergentes sur de nombreux sujets.
De sa capacité à attirer d’autres pays au-delà du groupe.
De la mise en place de mécanismes d’exécution forts, malgré les sanctions occidentales.
Pour l’instant, cette initiative s’inscrit dans la stratégie russe de promouvoir un ordre mondial multipolaire. Cependant, sa concrétisation se heurtera à d’importants défis politiques et juridiques.
En conclusion, si la Russie tente de briser le monopole occidental sur les institutions internationales, la création d’une cour pénale alternative sera un véritable test pour la détermination des BRICS à remodeler la gouvernance mondiale.