La Tunisie aborde l’année 2025 dans un contexte économique contrasté, tiraillé entre des signes de résilience et des défis structurels persistants. Alors que certains secteurs affichent une dynamique encourageante, l’économie nationale peine encore à retrouver un rythme de croissance soutenu. Retour sur 2024 : Une année de stabilisation fragile En 2024, la croissance du PIB a été révisée à la baisse, s’établissant à 1,6% au lieu des 2,1% initialement prévus. Cette contre-performance s’explique par la contraction persistante du secteur extractif et la baisse de la demande des partenaires européens, impactant lourdement les industries manufacturières exportatrices. Cependant, l’année a été marquée par des signaux positifs : l’activité touristique a connu une progression de 8,6% et la reprise du secteur agricole, aidée par des conditions climatiques plus favorables, a stimulé une partie de l’économie. Ces secteurs ont permis de freiner une dégradation plus marquée de la situation économique. L’inflation, bien qu’en recul, demeure élevée, atteignant 7% en 2024 contre 9,3% l’année précédente. La baisse des importations et les tensions sur l’offre alimentaire ont maintenu une pression sur les prix, notamment dans le secteur agroalimentaire (9,4%). Le marché du travail n’a pas connu d’amélioration significative, avec un taux de chômage stable à 16%, et une situation encore plus critique pour les diplômés de l’enseignement supérieur (25%). Perspectives 2025 : Une économie en quête de stabilisation Face à ces défis, le gouvernement tunisien adopte une loi de finances 2025 marquée par la rigueur budgétaire et une mobilisation accrue des recettes fiscales. Le budget de l’État s’élève à 78,2 milliards de dinars, avec une croissance du PIB estimée à 3,2% en termes nominaux. Parmi les grandes hypothèses de cette loi de finances : • Une stabilisation du taux de change du dinar par rapport aux principales devises, • Une anticipation d’une croissance des importations de 4,2%, • Un maintien des prix des produits alimentaires de base sur les marchés internationaux. Le financement de ce budget repose à 64% sur les ressources propres de l’État et à 36% sur des emprunts. La dette publique, bien que contenue, continue d’inquiéter les analystes en raison de la lourde charge de remboursement. Une balance commerciale toujours déficitaire Le déficit commercial a continué de se creuser en 2024, atteignant 18 927,6 millions de dinars, principalement en raison de la stagnation des exportations et d’une augmentation des importations (+2,3%). Toutefois, l’exportation d’huile d’olive et l’essor des recettes touristiques (+8,6%) ont permis d’atténuer le choc. La reconstitution des réserves en devises a progressé, atteignant 27,4 milliards de dinars (122 jours d’importations) à fin 2024. Les enjeux de la Bourse de Tunis en 2025 La Bourse de Tunis a connu en 2024 sa quatrième année consécutive de hausse, avec un rendement de 13,75%. L’indice Tunindex a atteint un sommet historique en octobre avant de clôturer l’année en progression. Cependant, l’attractivité du marché pour les investisseurs étrangers reste limitée en raison des incertitudes économiques et de la dégradation de la note souveraine du pays. Quels leviers pour un redémarrage économique durable ? Malgré les efforts d’ajustement budgétaire et les lueurs d’espoir dans certains secteurs, la Tunisie reste confrontée à des défis structurels majeurs. La compétitivité industrielle et la capacité à attirer des investissements étrangers seront essentielles pour redynamiser l’économie. De même, la réforme du marché du travail et des finances publiques constitue une priorité pour assurer une croissance inclusive et durable. En 2025, la Tunisie se trouve donc à un tournant. L’avenir économique dépendra de sa capacité à transformer les défis en opportunités et à déployer des politiques publiques ambitieuses pour relancer l’investissement et la croissance. Synthèse d’une note de MAC SA
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